Une étude sur 16.000 Américains montre que la consommation de piments est associée à une réduction de la mortalité, notamment par crise cardiaque et AVC. Les amateurs de plats épicés pourraient ainsi réduire de 13 % leur risque de décès.

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    Depuis HippocrateHippocrate, le rôle de l'alimentation dans la santé ne fait plus de doute. Mais quels aliments faudrait-il choisir en priorité pour espérer vivre plus longtemps ? Voici qu'une nouvelle étude suggère de manger épicé : la consommation régulière de piments serait associée à une réduction du risque de mortalité, en particulier par crise cardiaquecrise cardiaque et AVCAVC.

    Les épices sont utilisées de longue date pour donner de la couleurcouleur aux plats, relever leur goût et favoriser leur conservation. Elles possèdent aussi des propriétés médicinales qui étaient déjà exploitées par les médecins du Moyen-Âge. Les épices possèdent des propriétés antimicrobiennes, beaucoup sont anti-oxydantes et anti-inflammatoires et certaines auraient des propriétés anti-cancer. Elles pourraient donc participer à la préventionprévention de nombreuses maladies.

    Les piments ont pour particularité d'augmenter le catabolisme des lipides dans différents organes. Ils pourraient donc aider à prévenir l'obésité, l'hypertensionhypertension, le diabètediabète de type 2 et l'athéroscléroseathérosclérose.

    Ici, des chercheurs de l'université du Vermont ont voulu tester l'association entre la consommation de piments rouges et la mortalité. Pour cela, ils ont utilisé les données d'une cohortecohorte : la NHANES III (National Health and Nutritional Examination Survey). Les participants étaient 16.179 adultes américains. Ils ont été suivis en moyenne pendant 18,9 ans. Les résultats paraissent dans la revue Plos One.

    Les piments pourraient aider à réduire le risque cardiovasculaire. © psdesign1, Fotolia

    Les piments pourraient aider à réduire le risque cardiovasculaire. © psdesign1, Fotolia

    Une relation inverse entre consommation de piment et mortalité

    La mortalité des participants qui consommaient des piments rouges était de 21,6 % contre 33,6 % pour ceux qui n'en consommaient pas, soit une réduction du risque absolu de 12 %. Après avoir ajusté les résultats en fonction du mode de vie des participants, de leurs caractéristiques médicales, la réduction du risque de mortalité était de 13 %.

    Ces conclusions confirment d'autres résultats obtenus en 2015 dans une étude chinoise qui avait impliqué plus de 199.000 hommes et 288.000 femmes âgés de plus de 30 ans. Cette recherche avait montré que la consommation régulière d'aliments épicés était inversement associée à la mortalité, indépendamment des autres facteurs de risquefacteurs de risque de décès. Comme l'étude américaine portait sur une population différente, les résultats peuvent probablement être généralisés : les piments seraient bien protecteurs.

    Parmi les moléculesmolécules présentes dans les piments, la capsaïcinecapsaïcine, un composé irritant pour les humains, pourrait être responsable du lien entre piment et santé. Elle jouerait un rôle dans les mécanismes moléculaires et cellulaires qui préviennent l'obésité et qui contrôlent la circulation sanguine au niveau des artèresartères coronaires. Elle aurait aussi des propriétés antimicrobiennes. Une étude de 2014 a également montré que la capsaïcine limitait les tumeurs intestinales.


    Le piment serait bénéfique contre le cancer colorectal

    Article de Marie-Céline Jacquier publié le 10/08/2014

    La capsaïcine, une molécule présente dans les piments, inhiberait la formation de tumeurstumeurs colorectales. Cela serait possible grâce à l'activation de TRPV1, une protéineprotéine présente sur les cellules de l'épithéliumépithélium intestinal.

    L'épithélium intestinal a pour caractéristique de se renouveler rapidement. Mais si les voies qui contrôlent cette régénération sont déréglées, des tumeurs peuvent se développer. C'est pourquoi la recherche s'intéresse aux molécules capables d'empêcher ces pertes de contrôle à l'origine des proliférations cellulaires qui causent le cancer colorectalcancer colorectal.

    Dans un article paru dans le Journal of Clinical Investigation, des chercheurs de l'université de Californie apportent de nouvelles informations dans ce domaine. Ils ont étudié une protéine présente sur les cellules de l'épithélium intestinal, un canal à ionsions Ca appelé TRPV1. Ce dernier avait été découvert sur des neurones sensorielsneurones sensoriels où il semble jouer un rôle dans la détection de la douleurdouleur générée par la chaleurchaleur, l'acidité et les produits épicés qui sont tous, pour Eyal Raz, professeur de médecine et auteur de l'étude « des stimuli potentiellement néfastes pour la cellule. Ainsi, TRPV1 a été rapidement décrit comme un récepteur de la douleur moléculaire ».

    Mais à quoi sert TRPV1 lorsqu'il se trouve sur les cellules de l'épithélium intestinal ? Son action serait liée à celle de l'EGF (epidermal growth factor), un récepteur important dans la prolifération intestinale. Ici, les chercheurs ont utilisé un modèle de souris qui formaient beaucoup de néoplasiesnéoplasies intestinales. Leur déficience en TRPV1 augmentait la formation d'adénomes, ce qui permet au principal auteur de l'article Petrus de Jong, d'affirmer que « la molécule TRPV1 épithéliale fonctionne normalement comme suppresseur de tumeursuppresseur de tumeur dans les intestins ». Pour les chercheurs, TRPV1 contrôlerait le signal de récepteurs de facteurs de croissancefacteurs de croissance, comme le récepteur de l'EGF.

    Des souris qui forment beaucoup de tumeurs intestinales survivent plus longtemps avec de la capsaïcine (en rouge) que sans (en bleu). En revanche, si elles n'expriment pas TRPV1 (en noir), elles survivent encore moins bien. © de Jong <em>et al, Journal of Clinical Investigation</em>.

    Des souris qui forment beaucoup de tumeurs intestinales survivent plus longtemps avec de la capsaïcine (en rouge) que sans (en bleu). En revanche, si elles n'expriment pas TRPV1 (en noir), elles survivent encore moins bien. © de Jong et al, Journal of Clinical Investigation.

    La capsaïcine active le récepteur TRPV1

    Ces travaux suggèrent également que la capsaïcine, une molécule présente dans les piments, irritante chez les animaux, pourrait supprimer les tumeurs intestinales. Celle-ci provoque une sensation de brûlure lorsqu'elle est en contact avec les tissus. Du point de vue biochimique, c'est en fait un agonisteagoniste de TRPV1 : elle se lierait au récepteur et l'activerait comme s'il s'agissait de son ligandligand habituel.

    Les chercheurs ont donc administré par voie orale, 3 mg/kgkg de capsaïcine aux souris qui développaient beaucoup de tumeurs gastrogastro-intestinales. Résultat : la prise de capsaïcine a inhibé l'activation du récepteur de l'EGF et supprimé la prolifération des cellules épithéliales. Le traitement a aussi permis aux souris de vivre plus longtemps, avec un gain d'environ 30 % dans la duréedurée de vie. Le traitement fut encore plus efficace lorsqu'il était combiné avec du celecoxib, un médicament anti-inflammatoire non stéroïdien, inhibiteur de COX-2, utilisé dans le traitement de la douleur et des symptômessymptômes d'arthrosearthrose.

    Par conséquent, la capsaïcine supprimerait les tumeurs intestinales en stimulant le récepteur TRPV1. Pour Eyal Raz, « nos données suggèrent que les personnes à haut risque de développement de tumeurs intestinales récurrentes pourraient bénéficier de l'activation chronique de TRPV1 ». Les chercheurs proposent donc d'administrer des agonistes de TRPV1 (comme la capsaïcine) avec un inhibiteur de COX-2 pour prévenir la formation de carcinomes intestinaux.