Dans une récente conférence, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu'il n'était pas envisageable de laisser le SARS-CoV-2 circuler pour espérer atteindre la fameuse « immunité collective ». Pourquoi ?


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    Laissons le virus circuler. Il y aura des morts, mais l'immunité collective sera atteinte plus vite et nous pourrons vivre à nouveau normalement. C'était la stratégie prônée par le gouvernement britannique avant de faire marche arrière. Cela a été la stratégie de la Suède qui compte plus de morts par million d'habitants que la France et qui souffre actuellement d'une seconde vaguevague épidémique. Selon l'OMS, cette stratégie n'est pas envisageable, notamment pour des raisons éthiques et scientifiques. En effet, selon son directeur général : « Laisser le virus circuler sans contrôle signifie donc permettre des infections, des souffrances et des morts inutiles. »

    Éthique et coronavirus 

    Le principe éthique que l'on souhaite respecter et maximiser ici, c'est de réduire le nombre de conséquences funestes. Il est difficile de mesurer la totalité des conséquences. Une pandémie a toujours des impacts cachés. Néanmoins, laisser circuler un tel virus pourrait faire énormément de dégâts directement mesurables en très peu de temps. Et surtout, cela serait hors de notre contrôle. Même si les conséquences économiques sont dramatiques, elles restent sous un contrôle plus fort de la volonté humaine que des lois biologiques, étant donné qu'il n'existe pas de lois économiques à proprement parler.

    Ainsi, l'équationéquation que les dirigeants du monde entier doivent résoudre est celle-ci : limiter la circulation du virus, tout en préservant les habitants de chaque pays d'une extrême pauvreté qui se traduirait par des difficultés à se nourrir, à se chauffer, et entraînerait également un taux de mortalité accru. Les décisions politiques apportent souvent leurs lots de conséquences inattendues et parfois désastreuses, si la balance bénéfice-risque n'a pas été rigoureusement étudiée. 

    Les gestes barrières seront essentiels tant que nous n'aurons pas de vaccin. L'immunité collective naturelle n'est pas une stratégie envisageable. © ustas, Adobe Stock
    Les gestes barrières seront essentiels tant que nous n'aurons pas de vaccin. L'immunité collective naturelle n'est pas une stratégie envisageable. © ustas, Adobe Stock

    L'immunité collective : une chimère ? 

    Dans un récent document, l'Institut Pasteur explique brièvement ce qu'est l'immunité collective : « L'immunité collective correspond au pourcentage d'une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d'une personne en moyenne, amenant de fait l'épidémie à l'extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés. Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l'infection naturelle ou par la vaccinationvaccination (s'il existe un vaccinvaccin bien entendu). »

    Cela suppose donc que l'infection naturelle ou le vaccin entraîne une protection suffisante pour faire barrière au virus. Dans le cas de l'infection naturelle, on sait que pour les coronaviruscoronavirus classiques, l'immunité n'est pas de très longue duréedurée : quelques mois à une année tout au plus. C'est pour cela que l'on peut avoir plusieurs rhumes dans une même année. Concernant la Covid-19Covid-19, on en sait encore peu sur son immunité et sa durée selon les cas. Quelle immunité développent les personnes asymptomatiques et les personnes Covid-persistant, par exemple ? Trop d'inconnus subsistent donc pour prétendre que cette stratégie est envisageable.