Pour venir à bout de cette pandémie causée par le SARS-CoV-2, trop de confinement ne favoriserait pas la construction d'une immunité collective, selon des chercheurs américains qui préconisent donc des périodes de distanciation sociale par intermittence. Et ce, jusqu'en… 2022.

 

 


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    Plusieurs périodes de distanciation sociale seront sans doute nécessaires jusqu'en 2022 pour empêcher que le nouveau coronavirus n'engorge les hôpitaux de malades aux États-Unis, estiment des chercheurs d'Harvard dans une étude publiée mardi par la revue Science. L'équipe d'Harvard a modélisé la pandémie de Covid-19, la maladie causée par le virus, en partant de l'hypothèse qu'elle serait saisonnière comme d'autres virus de la même famille, dont des coronavirus responsables du rhume, qui aiment l'hiverhiver. Leur simulation a dû s'accommoder de nombreuses inconnues sur le nouveau venu, baptisé SARS-CoV-2, notamment sur le niveau et la duréedurée de l'immunité acquiseimmunité acquise par une personne contaminée.

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    « Une mesure ponctuelle de distanciation sociale sera probablement insuffisante pour que l'incidenceincidence de SARS-CoV-2 reste dans les limites de la capacité des services de réanimation aux États-Unis, a résumé l'un des auteurs, Stephen Kissler, dans une conférence téléphonique mardi avec des journalistes. En l'absence de traitements, des périodes intermittentes de distanciation sociale seront sans doute nécessaires. »

    La durée et le degré de confinement pourront être réduits quand des traitements efficaces ou un vaccinvaccin auront été découverts. D'ici là, il faudra osciller entre confinement et ouverture afin de prévenir une nouvelle vague et permettre aux systèmes de santé de gonfler leurs services de réanimation.

    Des périodes de confinement par intermittence seraient la réponse pour éviter l'engorgement des hôpitaux aux États-Unis. © Patrick Hertzog, AFP 
    Des périodes de confinement par intermittence seraient la réponse pour éviter l'engorgement des hôpitaux aux États-Unis. © Patrick Hertzog, AFP 

    Construire progressivement l'immunité collective

    Marc Lipsitch, professeur d'épidémiologie, explique qu'en acceptant des périodes de contaminations plus élevées, pendant les déconfinements épisodiques, le virus va inévitablement contaminer une proportion croissante de la population (idéalement, les plus jeunes et moins vulnérables, qui risquent moins d'en mourir). Cela rendra plus de gens malades, mais présentera l'avantage de construire progressivement l'immunité collectiveimmunité collective de la population, c'est-à-dire le niveau à partir duquel il n'y aura plus assez de gens susceptibles d'être contaminés pour que le virus continue à circuler.

    Trop de confinement, à l'inverse, empêcherait de bâtir cette immunité collective, ont simulé les chercheurs, qui en concluent que l'approche la plus efficace est le maintien intermittent de mesures de distanciation sociale (confinement, fermeture des écoles et entreprises...).

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    On ignore encore si les gens contaminés développeront une immunité courte ou longue. Pour des virus cousins, comme ceux du rhume, l'immunité s'érode au bout d'un an. Pour le Sras, elle est longue.

    Une chose est quasi sûre, selon les auteurs de l'étude : le nouveau coronavirus ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il est improbable, selon eux, que l'immunité soit assez forte et assez durable pour que le coronavirus disparaisse à la fin de la première vaguevague que nous traversons en ce moment (contrairement au Sras de 2002-2003).