Une plante provenant de la médecine chinoise traditionnelle et appelée Tripterygium wilfordii, ou Lei gong teng ou encore « vigne du tonnerre divin », pourrait fournir un traitement de l’obésité grâce à un composé, le célastrol, qui favorise l'action d'une hormone coupe-faim, la leptine. Des souris obèses traitées au célastrol mangent moins et perdent jusqu’à 45 % de leur poids.

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    La « vigne du tonnerre divin » favoriserait l'action de la molécule de leptine, une hormone coupe-faim. © Eric Smith

    La « vigne du tonnerre divin » favoriserait l'action de la molécule de leptine, une hormone coupe-faim. © Eric Smith

    La leptine est une hormone dérivée des adipocytes (les cellules de graisse) qui signale au cerveau que l'organisme dispose de suffisamment d'énergieénergie. Si la signalisation via la leptine fonctionne mal, l'individu mange trop et peut souffrir d'obésité, une cause majeure de développement de maladies qui réduisent l'espérance de vie telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires, l'hypertensionhypertension ou la stéatose hépatique non alcoolique. Des médicaments qui favorisent l'action de la leptine pourraient donc être efficaces pour traiter l'obésitéobésité.

    Mais la leptine ne réduit pas la faim chez des individus obèses, qui ont pourtant de hauts niveaux d'hormone dans le sang. Si des souris minces reçoivent de la leptine, elles mangent moins et perdent du poids, mais ce n'est pas le cas chez des souris obèses DIO (Diet-induced Obesity), d'où l'idée que l'obésité soit associée à une résistancerésistance ou une insensibilité à la leptine. De plus, il a été montré précédemment que la résistance à la leptine était associée à une réponse au stress dans une structure cellulaire particulière : le réticulum endoplasmiqueréticulum endoplasmique. L'augmentation du stressstress du réticulum endoplasmique dans le cerveau jouerait un rôle dans le développement de la résistance à la leptine.

    Dans un article paru dans Cell, des chercheurs ont utilisé une nouvelle approche pour identifier des moléculesmolécules qui augmenteraient la sensibilité à la leptine afin de traiter l'obésité. Ils se sont servis d'une base de donnéesbase de données contenant des profils d'expression génétiquegénétique de cellules humaines traitées avec plus d'un millier de petites molécules. Ils ont ainsi trouvé une molécule avec un profil d'expression pouvant être associé à une amélioration de la fonction du réticulum endoplasmique et une sensibilité à la leptine : le célastrol, un composé naturel extrait des racines de la plante Tripterygium wilfordii, aussi appelée thunder god vine (« vigne du tonnerretonnerre divin ») ou encore Lei gong teng.

    La leptine joue un rôle dans la sensation de satiété. Elle informe le cerveau qu’il faut arrêter de manger quand les réserves sont suffisantes. © Brave Heart, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    La leptine joue un rôle dans la sensation de satiété. Elle informe le cerveau qu’il faut arrêter de manger quand les réserves sont suffisantes. © Brave Heart, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Une perte de poids plus efficace qu'une chirurgie de l'obésité

    En seulement une semaine de traitement avec le célastrol, des souris obèses ont réduit leurs apports alimentaires d'environ 80 % par rapport à des souris obèses non traitées. À la fin de la troisième semaine, les souris traitées ont perdu jusqu'à 45 % de leur massemasse corporelle de départ, notamment en brûlant des graisses stockées. L'effet du célastrol était même plus important que celui d'une chirurgie bariatrique chez la souris où la perte de poids est d'environ 35 à 40 %. De plus, le célastrol réduisait les niveaux de cholestérolcholestérol et améliorait la fonction hépatique et le métabolismemétabolisme du glucoseglucose.

    La molécule favorisait la perte de poids chez des souris obèses mais était inefficace chez des souris ayant une déficience pour la leptine ou son récepteur. Le célastrol agirait donc en augmentant la sensibilité à la leptine, comme le confirment les résultats obtenus chez les souris minces. Le célastrol était inefficace chez la souris mince et les chercheurs pensaient que c'était dû aux niveaux de leptine circulante. Ils ont donc augmenté la leptine circulante en l'injectant à des souris minces traitées avec du célastrol ; ils ont observé que la consommation alimentaire et le poids étaient alors réduits.

    D'après Umut Ozcan, auteur de cette étude et endocrinologue au Boston Children's Hospital et à la Harvard Medical School, « si le célastrol fonctionne chez les humains comme chez les souris, il pourrait être un moyen puissant pour traiter l’obésité et améliorer la santé de nombreux patients souffrant d'obésité et de complications associées, comme la maladie cardiaque, la maladie du foiefoie gras et le diabètediabète de type 2. » Cependant, même si aucun effet toxique n'a été relevé chez la souris, il faut rester prudent quant à l'utilisation du produit chez l'Homme : des études toxicologiques et des essais cliniquesessais cliniques sont nécessaires pour démontrer l'innocuité de la molécule chez les humains.