Les deux géants des sodas ont déboursé des millions de dollars pour payer des organisations de santé et faire pression afin d'éviter une législation qui leur serait défavorable. Ou quand l’argent censé promouvoir la santé sert à l’affaiblir...

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    Les Américains figurent parmi les plus gros consommateurs de sodas au monde. Conséquence : ces boissons seraient responsables d'environ 20 % de leur gain de poids entre 1977 et 2007. Face à ce fléau, les sociétés savantes devraient s'investir pour que les politiques publiques découragent la consommation de sodas.

    Mais c'est sans compter avec la manne financière que représente cette industrie, qui n'hésite pas à faire des « dons » généreux à des groupes d'experts influents... C'est ce que révèle un article publié dans American Journal of Preventive Medicine, dont les auteurs sont Michael Siegel, professeur de la Boston University School of Public Health, et Daniel Aaron, étudiant de cette université.

    Ce document décrit les liens financiers entre l'industrie et des groupes d'experts en santé : tout en versant des millions de dollars à des sociétés savantes en santé humaine, Coca-ColaCoca-Cola et Pepsi ont exercé un lobbying contre des mesures de santé publique qui auraient eu pour conséquence de réduire la consommation de sodas des Américains. Entre 2011 et 2015, Coca-Cola et Pepsi ont sponsorisé 96 organisations de santé (telles que American Heart Association, Academy of Nutrition and Dietetics...). Dans le même temps, les deux firmes ont fait du lobbying contre 29 projets de loi visant à réduire la consommation de sodas ou à améliorer la nutrition.

    L'article cite plusieurs cas troublants où des organisations sponsorisées par les industriels ont cessé de se battre pour des taxes anti-sodas ou sont restées silencieuses sur le sujet. Par exemple, Save the Children qui avait soutenu la mise en place de taxes sur les sodas a laissé tomber ce combat en 2010. Le groupe a reçu par ailleurs de Pepsi cinq millions de dollars (4,5 millions d'euros). Dans un communiqué cité par The New York Times, l'organisation a expliqué que sa décision n'était pas liée au soutien financier reçu.