L'objectif de personnaliser la perte de poids en fonction de la génétique de l’individu pourrait être atteint d'ici cinq ans, affirme un groupe de chercheurs. À partir d’un échantillon de salive, pour l'analyse de l'ADN, et de capteurs connectés, pour suivre alimentation et activité physique, un algorithme pourrait fournir des conseils individualisés.

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    Le surpoids et l'obésité sont devenus des problèmes de santé publique dans le monde occidental mais aussi dans des pays comme l'Inde et la Chine. Pourtant, certaines personnes restent à un poids normal bien qu'elles vivent dans un environnement qui les incite à grossir. D'après la recherche sur la génétique de l’obésité, la moitié de l'indice de masse corporelle (IMC) peut être attribuée à des facteurs génétiques ; le reste est dû à des facteurs liés à l'environnement, comme l'alimentation et l'exercice.

    Actuellement environ 150 variants génétiques sont associés de manière significative à l'IMC, le tour de taille ou le risque d'obésité. Parmi ces gènes, certains affectent des voies du système nerveux central qui jouent un rôle dans le contrôle de la prise alimentaire, d'autres sont associés à la sécrétionsécrétion d'insulineinsuline, d'autres encore à l'adipogenèse, la biologie des lipideslipides, le métabolismemétabolisme énergétique...

    Par exemple, le gène FTO (pour Fat mass and Obesity-associated protein) est associé à l'obésité car il influence le développement des adipocytes (les cellules qui stockent les graisses) et la thermogenèsethermogenèse (la production de chaleurchaleur). Une variante du gène FTO peut favoriser le stockage de l'énergieénergie apportée par l'alimentation au lieu de la brûler, si bien que ce gène a pu être qualifié de « gène de l'obésité ».

    Mais un seul gène ne peut expliquer l'obésité, comme l'explique Molly Bray, professeur de sciences nutritionnelles à l'université du Texas, à Austin, aux États-Unis : « Lorsque vous revenez en arrière et regardez combien la variation de ce gène compte pour la variation de la taille du corps dans la population générale, c'est vraiment petit. Cela souligne qu'il y a plusieurs gènes impliqués dans l'obésité et ils interagissent les uns avec les autres de façon complexe ».

    Aujourd’hui, différents capteurs connectés peuvent enregistrer en temps réel l'activité physique d'une personne. L’idée est d’utiliser ces outils en lien avec la génétique pour mettre au point un programme personnalisé de perte de poids. © Global Panorama, US CPSC, Flickr, CC by-sa 2.0

    Aujourd’hui, différents capteurs connectés peuvent enregistrer en temps réel l'activité physique d'une personne. L’idée est d’utiliser ces outils en lien avec la génétique pour mettre au point un programme personnalisé de perte de poids. © Global Panorama, US CPSC, Flickr, CC by-sa 2.0

    Utiliser l’information génétique pour mieux gérer son poids

    Un groupe de travail des National Institutes of Health, NIH, (regroupé sous le nom de Genes, Behaviors and Response to Weight Loss Interventions) a étudié cette question et produit un rapport qui paraît dans la revue Obesity. Cet article propose des pistes pour utiliser l'information génétique dans la gestion du poids, via une médecine personnalisée qui se substituerait à une médecine universelle. Cette médecine de précision utiliserait la génomiquegénomique et d'autres données pour optimiser et personnaliser des traitements.

    Bien que des méthodes pour perdre du poids fonctionnent sur le court terme, il est souvent plus difficile de maintenir cette perte de poids sur le long terme. Et c'est là que la génétique pourrait intervenir car de nombreux gènes associés à l'obésité ont été identifiés. En fonction du profil génétiqueprofil génétique de l'individu, il pourrait être possible d'identifier les stratégies susceptibles de mieux fonctionner pour lui ; par exemple, l'exercice peut être plus ou moins efficace pour maigrir, en fonction du patrimoine génétique de l'individu.

    Pour les experts de ce groupe de travail, la prochaine avancée majeure pour aider les patients à atteindre leur poids de santé sera d'utiliser leurs données génétiques pour construire des régimes et des programmes d'activité physiquephysique individualisés. Le défi pour atteindre cet objectif est de disposer d'outils d'analyse appropriés. Ceci pourrait être possible rapidement : « Je pense que d'ici cinq ans, nous allons voir les gens commencer à utiliser une combinaison de données génétiques, comportementales et d'autres données complexes pour élaborer des plans de gestion du poids personnalisés », explique Molly Bray, qui a dirigé ce groupe de travail.

    Dans le futur, des échantillons de salivesalive pourront servir à séquencer les gènes des patients et, en même temps, des capteurscapteurs pourront récolter des informations sur des facteurs environnementaux : alimentation, activité, stressstress... Un algorithme informatique analyserait ces données et donnerait aux patients des conseils personnalisés pour atteindre leur poids cible. La baisse des coûts de séquençageséquençage et des capteurs connectés pour suivre en temps réel le comportement permettent déjà aux scientifiques de récolter ce type de données pour la recherche fondamentale. Il reste à développer des outils accessibles au plus grand nombre...