Face aux terribles fièvres hémorragiques provoquées par le virus Ébola, des chercheurs américains ont mis au point un vaccin particulièrement efficace chez des souris. Reste désormais à vérifier si l’on constate la même efficacité chez les singes, qui ont un système immunitaire très proche du nôtre.

au sommaire


    Le premier cas humain recensé infecté par le virus Ébola date de 1976. Depuis, le virus a fait près de 2.000 victimes. © DR

    Le premier cas humain recensé infecté par le virus Ébola date de 1976. Depuis, le virus a fait près de 2.000 victimes. © DR

    Avec des taux de mortalité approchant les 90 % pour ses formes les plus létales, la maladie due au virus Ébola (de la famille des filovirus) est l'une des plus terribles touchant l'espèceespèce humaine. Il infecte les singes qui vont ensuite le transmettre à l'Homme et, par les fluides corporels ou par voie aérienne, va provoquer des pandémies ravageuses. Dans les cas les moins critiques, un malade sur quatre ne s'en remet pas. Le foyer se situe en Afrique centrale, où des espèces de chauves-sourischauves-souris en constituent le réservoir.

    Les scientifiques travaillent sur le virus pour apporter une solution à ce problème sanitaire majeur, notamment pour prévenir une hypothétique attaque bioterroriste. Alors qu'un traitement verra peut-être le jour d'ici quelques années, des chercheurs américains de l'université d’Arizona, sous la direction de Charles Arntzen, annoncent avoir conçu un vaccin efficace à 80 % chez des souris. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Pnas du 5 décembre.

    Des souris ont pu être sauvées d'une infection par le virus Ébola grâce à l'inoculation d'un vaccin. © Jepoirrier, Flickr cc by sa 2.0

    Des souris ont pu être sauvées d'une infection par le virus Ébola grâce à l'inoculation d'un vaccin. © Jepoirrier, Flickr cc by sa 2.0

    Pour réaliser cette performance, les auteurs ont synthétisé un complexe immun en fusionnant la glycoprotéineglycoprotéine de surface du virus (un antigèneantigène) avec l'anticorpsanticorps adapté. En théorie, l'injection d'un complexe immun active les cellules du système immunitaire et prépare l'organisme à résister contre l'antigène en question. Dans ce cas, ils ont constaté qu'en inhibant les récepteurs de type Toll (impliqués dans la reconnaissance de motifs antigéniques conservés et comptant parmi les formes vestigialesvestigiales d'immunitéimmunité), la réponse immunitaireréponse immunitaire était accentuée. Ils n'ont pas hésité à stimuler les défenses des souris.

    Des souris infectées par le virus Ébola n'ont pas déclaré la maladie

    Dix souris ont alors bénéficié d'une vaccinationvaccination, avant de se voir injecter une forme létale du virus Ébola. Huit d'entre elles n'ont pas contracté la maladie et présentaient une réponse immunitaire humorale (fabrication d'anticorps) et cellulaire (destruction des cellules infectées), suggérant ainsi que ces deux formes sont indispensables pour contrecarrer l'infection. Dans un autre groupe de souris infectées par le virus mais non vaccinées, toutes ont succombé.

    Cependant, cette découverte ne permet pas encore d'améliorer les rendements déjà obtenus lors d'expériences passées, et la possibilité d'extrapoler ces résultats à l'Homme reste encore à démontrer. Bien souvent, les espoirs suscités par des travaux portant sur des cobayes ne peuvent pas se concrétiser dès lors qu'il faut franchir la barrière des espèces.

    Les auteurs pointent tout de même du doigt le fait que leur méthode, si elle se révèle efficace, pourrait être une alternative avantageuse pour des mesures de protection de la santé publique car le rapport efficacité/coût de fabrication serait intéressant et le stockage à long terme tout à fait possible. Mais il reste encore de nombreuses étapes à franchir avant de commencer à évoquer cette hypothèse.