Une équipe de l'Inserm vient de démontrer que des troubles du sommeil induits chez la très jeune souris persistent toute la vie. Cette découverte pourrait aboutir à des traitements préventifs et une recherche va être effectuée pour évaluer l'effet sur l'enfant des antidépresseurs pris par lui-même ou par sa mère pendant la grossesse.

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    L'aptitude à bien dormir semble s'apprendre très tôt... © max_thinks_sees / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    L'aptitude à bien dormir semble s'apprendre très tôt... © max_thinks_sees / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    La clé du phénomène mis en évidence par Joëlle Adrien et son équipe de l'unité Neuropsychopharmacologie (Inserm) réside dans le système sérotoninergique. Comme son nom l'indique, il est basé sur la sérotonine, un neuromédiateurneuromédiateur, c'est-à-dire une moléculemolécule chargée de faire passer l'information d'un neurone à l'autre dans les zones de contact appelées synapses. De nombreux phénomènes très importants pour le fonctionnement cérébral ont lieu à ce niveau.

    On sait qu'un déficit en sérotonine est lié à des troubles du sommeil et du comportement. Les antidépresseurs les plus courants, d'ailleurs, agissent en augmentant la concentration de sérotonine dans les synapses, compensant ainsi la faible quantité disponible.

    Spécialiste des troubles du sommeil, Joëlle Adrien s'est intéressée à l'effet de ces antidépresseurs chez la souris en fonction de l'âge auquel ils sont administrés. Le résultat est curieusement très net. Des souris ayant subi une cure d'antidépresseurs dans leurs quinze premiers jours auront toute leur vie un sommeil perturbé et peu récupérateur. Les syndromessyndromes sont très proches du tableau clinique de la dépression. En revanche, ces antidépresseurs n'ont plus aucun effet à long terme si la cure a lieu après la pubertépuberté.

    Un système de neurotransmission mis en place chez l'enfant

    « Ces travaux nous laissent fortement penser que les trois premières semaines de la vie, chez la souris, constituent une période critique pendant laquelle s'installe et se consolide l'impact du système sérotoninergique sur l'équilibre du sommeil et des comportements émotionnels, explique Joëlle Adrien. Une fois que ce système est mis en place, il semble que l'on ne puisse plus agir sur cet équilibre de façon persistante. »

    L'équipe n'en est pas à ses premiers travaux sur cette question et leurs précédents résultats indiquent la même tendance. Avant la puberté, une action sur la neurotransmission par la sérotonine provoque des effets durables sur la qualité du sommeil et la tendance à dépression. Cette découverte ouvre plusieurs voies de recherche. Un traitement préventif pourrait être envisagé lorsqu'on repère chez un enfant un défaut génétiquegénétique du système à sérotonine. D'après Joëlle Adrien, ces résultats devraient aussi inciter à « évaluer les effets à long terme du traitement antidépresseur chez l'enfant et pendant la grossessegrossesse ». C'est d'ailleurs ce à quoi va s'atteler l'équipe en 2009...