Un homme a été infecté par la souche N du VIH, une souche qu'on pensait disparue et qui semble de plus traverser les frontières auxquelles elle était cantonnée auparavant. Que cela signifie-t-il ? Faut-il s'en inquiéter ?

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    Les souches M, O, N et P sont les groupes de VIH-1 infectant l'Homme. © C. Brennan, 2010

    Les souches M, O, N et P sont les groupes de VIH-1 infectant l'Homme. © C. Brennan, 2010

    Une souche très rare de VIH, jusqu'alors cantonnée au territoire camerounais et qui semblait disparue, circule à nouveau. Plus inquiétant encore, elle sévirait hors du Cameroun - le seul pays où elle ait été isolée jusqu'alors. Le Pr François Simon (Hôpital Saint-Louis, Paris) rapporte en effet dans The Lancet, avoir isolé la souche N du VIH chez un Français de 57 ans, infecté au Togo et pris en charge à Paris. Si ce patient a été infecté au Togo, cela prouve que cette souche virale a franchi plusieurs frontières depuis le Cameroun.

    Rappelons qu'il existe deux types de virus de l'immunodéficience humaine, le VIH-1 (qui est le plus commun) et le VIH-2VIH-2. Le premier est lui-même réparti en trois groupes : la souche M, à l'origine de la pandémiepandémie mondiale, et deux autres souches très rares, O et N. Plus récemment, en 2009, un quatrième groupe - la souche P  - a été identifié par une équipe française chez une patiente originaire du Cameroun.

    Un homme a été infecté au Togo par la souche N du VIH, or cette souche était considérée comme disparue, et était par le passé localisée seulement au Cameroun. © Philippe Minisini, Fotolia

    Un homme a été infecté au Togo par la souche N du VIH, or cette souche était considérée comme disparue, et était par le passé localisée seulement au Cameroun. © Philippe Minisini, Fotolia

    Âgé de 57 ans, le malade qui fait l'objet du rapport publié par le Pr Simon a été admis en janvier 2011 à l'hôpital Saint-Louis de Paris, à son retour du Togo. Les médecins ont précisé qu'il avait été infecté dans ce pays à l'occasion d'un rapport sexuel, et ont pu établir qu'il était porteur de la souche N. Or, comme l'explique François Simon, « nous pensions qu'elle avait disparu. Nous l'avions observé il y a quinze ans au Cameroun, où elle avait été à l'origine de dix cas. C'est une souche sauvage extrêmement différente des souches classiques. Elle est très proche de celle que nous retrouvons chez les animaux, et en particulier chez les chimpanzéschimpanzés. »

    Il est nécessaire d'observer tous les variants du VIH

    L'identification d'un nouveau cas imputable à la souche N du VIH-1 constitue un fait majeur. « Cela illustre totalement ce qui s'est déroulé au début des années 1980 avec le VIH. La souche reste silencieuse pendant des années, puis nous observons un nouveau cas ».

    Autre fait révélateur : la virulence des manifestations cliniques. « Le patient a présenté des symptômessymptômes sévères. Certes nous observons également ce type de manifestations avec d'autres souches [du virus]. Toutefois, cela nous met quand même en alerte. »

    La bonne nouvelle, apparemment, se situerait sur le front des traitements. Les médicaments actuellement disponibles auraient montré une très bonne efficacité. « Un suivi immunologique et virologique à long terme est nécessaire », explique François Simon, qui tient néanmoins à souligner l'absolue nécessité « d'observer tous les variants du VIH, et d'être aux aguets pour bien repérer ce genre de situation ».