Première ligne, deuxième ligne, troisième ligne… la panoplie des traitements antirétroviraux contre le VIH n’en finit pas d’évoluer au gré des progrès. Aux USA, l'antirétroviral raltegravir a été validé comme traitement de première ligne mais son prix rend incertain la généralisation de son utilisation.

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    Des comprimés d'efavirenz, sera t'il détroné par le raltegravir ?. Crédit : www.chiva.org.u

    Des comprimés d'efavirenz, sera t'il détroné par le raltegravir ?. Crédit : www.chiva.org.u

    La dernière classe thérapeutique en date, celle des inhibiteurs de l'intégrase, suscite des espoirs considérables... et des recherches tout azimutazimut. Leur utilisation au cœur des cellules réservoirs où se réfugie le virus s'est jusqu'à présent avérée infructueuse. Mais son utilisation dès les premières étapes du traitement, en première ligne donc, serait prometteuse. Un « poster à la 5ème Conférence de l'International AIDS Society (IAS) qui se tenait au Cap en Afrique du Sud, et une publication dans The Lancet quelques jours plus tard, éveillent l'attention. Gare toutefois, aux emballements...

    Dans l'un comme l'autre cas, les auteurs ont comparé les résultats d'un traitement de première ligne « conventionnel » - dont le troisième composant était soit l'efavirenz (Sustiva®) soit le raltegravir (Isentress®). A la réunion de l'IAS, le Péruvien Eduardo Gottuzzo présentait un travail portant sur 198 patients avec une période de suivi proche de 3 ans (144 semaines). Résultats favorables, concluant à une efficacité comparable du raltegravir par rapport au traitement de référence, avec une tolérance améliorée.

    Les chiffres avancés par Jeffrey L Lennox (Emory University School of Medicine d'Atlanta, USA) dans The Lancet, sont également favorables. Sur 563 patients suivis pendant 48 semaines à ce stade du travail, la moitié ont reçu du raltegravir et l'autre moitié de l'efavirenz. Essai représentatif d'une large variété de patients puisqu'il a impliqué 67 centres sur les 5 continents... Les auteurs concluent à une efficacité très comparable-charge virale indétectable chez 86% des malades avec raltegravir, 82% avec efavirenz. Celle-ci est obtenue plus rapidement avec le premier, puisqu'il observe 50% de suppression à la 4ème semaine contre 20% pour efavirenz. Là encore les résultats plaident pour une meilleure tolérance de l'inhibiteur de l'intégrase, avec « seulement » 44% d'effets secondaires, au lieu de 77% pour les patients de l'autre groupe.

    Les auteurs - soutenus en cela par un éditorial associé dans The Lancet - voient dans ces résultats la promesse d'une accession du raltegravir - et d'autres inhibiteurs de l'intégrase - au statut de traitement de première ligne. Ce serait un changement majeur, ces produits étant aujourd'hui réservés aux patients en multi-échec. A la réunion du Cap toutefois, les avis étaient nuancés.

    Le Pr Jean-Michel Molina - CHU Saint-Louis de Paris - confirme l'intérêt de cette nouvelle classe thérapeutique. Celle-ci comprend déjà deux produits et bientôt un troisième. Celui-ci est jugé « très intéressant car doté d'une longue demi-viedemi-vie avec une bonne efficacité à court terme ». Il devrait enrichir une famille « prometteuse. » Jean-Michel Molina tempère toutefois les enthousiasmes, rappelant que ces moléculesmolécules « sont actuellement réservées à des patients en multi-échec. Si demain ils devaient être prescrits beaucoup plus tôt - et beaucoup plus largement, n.d.l.r. - leur coût exorbitant - 800 euros par mois de traitement - ne se justifierait pas. Nous avons tout aussi efficace pour beaucoup moins cher, même si le traitement est un peu moins bien toléré. »

    Source : de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l'IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009; Dr E. Gottuzo ; interview du Pr J-M.Molina le 22 juillet 2009; Dr Jeffrey L Lennox, The Lancet, 2 Août 2009.