Les hôpitaux certifiés HQE font leur apparition en France. Leur mission : préserver l'environnement tout en ne perdant pas de vue leur priorité, soigner les patients du mieux possible. Un défi relevé par quelques établissements, même si les économies réalisées restent modestes...

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    Le développement durable passe aussi par une gestion responsable de notre système de santé. © Alexander Trankov, Stockvault

    Le développement durable passe aussi par une gestion responsable de notre système de santé. © Alexander Trankov, Stockvault

    Que fait le domaine de la santé en faveur du développement durable ? Il paraît bien difficile de concilier les deux domaines, la santé étant trop importante pour faire des concessions énergétiques. Mais la pollution elle-même est aussi nuisible à la santé, provoquant de l'asthme ou encore des problèmes cardiovasculaires... Si le domaine médical doit soigner, il a également pour mission de s'assurer de la préventionprévention de ce genre de maladies !

    C'est ainsi que les hôpitaux certifiés haute qualité environnementalehaute qualité environnementale (HQE) commencent à apparaître en France. La Caisse des dépôts et consignations ainsi que la MAINH (Mission nationale d'appui à l'investissement hospitalier) qui avaient souhaité la création d'un référentiel pour la certificationcertification d'une démarche HQE spécifique aux établissements de santé ont vu leur désir se réaliser le 29 avril 2008. Ce nouveau référentiel HQE a été validé par l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médicosociaux (ANAP) et le ministère de la Santé.

    Les hôpitaux sont de gros consommateurs d’énergie !

    Cette certification n'est pas obligatoire, mais elle constitue un premier pas, volontaire, des centres hospitaliers vers le développement durabledéveloppement durable et le respect de l'environnement. Car les près de 3.000 centres hospitaliers publics et privés en France sont de très gros consommateurs d’énergie. On estime leur consommation en électricité à environ 340 voire 500 kilowatts-heures par mètre carré et par an, sans compter l'utilisation de mètres cubes d'eau et l'émissionémission de tonnes de déchetsdéchets et de CO2. Vu le nombre de bâtiments concernés (plus de 17.000), les économies réalisées en maîtrisant mieux les ressources pourraient être colossales.

    Bien entendu, la santé des patients est la première des priorités. Celle-ci étant déjà fragile, il n'est donc pas question de réaliser des économies à n'importe quel prix. Le nouveau référentiel HQE, appliqué aux établissements de santé et intégrant les enjeux spécifiques à ce domaine, permet de s'assurer que le patient ne sera pas lésé.

    Le nouveau centre hospitalier d'Alès a obtenu la certification HQE. © 2011 Centre hospitalier d'Alès

    Le nouveau centre hospitalier d'Alès a obtenu la certification HQE. © 2011 Centre hospitalier d'Alès

    Les quatre mesures phares

    La qualité environnementale du bâtiment (QEB) est déclinée en trois niveaux (base, performant et très performant), en fonction du nombre de cibles atteintes (quatorze au total, chacune étant évaluée par un système de notation complexe), réparties en quatre thématiques :

    • l'écoconstructionécoconstruction a pour but d'insérer le nouveau bâtiment en accord avec son environnement immédiat, notamment en s'assurant de l'existence d'un réseau de transport urbain, mais aussi en assurant au voisinage une « ambiance visuelle satisfaisante ». Les matériaux doivent aussi être choisis judicieusement (durabilitédurabilité, facilité d'entretien...), et le chantier de constructionconstruction lui-même doit avoir un faible impact environnemental ;
    • l'écogestion s'intéresse davantage à la gestion des ressources nécessaires au bon fonctionnement de l'établissement, en gérant l'énergieénergie (en ayant pris soin d'utiliser des produits de construction isolants, en limitant l'éclairage, le chauffage...), l'eau, les déchets et en s'assurant, par une maintenance efficace, la pérennisation de cette gestion écologique ;
    • le confort des occupants et du personnel est également un point important de cette certification, d'un point de vue hygrothermique, acoustique, visuel et olfactif ;
    • finalement, la qualité de la prise en charge médicale doit être sans faille, en respectant la qualité sanitaire des espaces, de l'eau et de l'airair.

    La technologie n'est pas révolutionnaire (mitigeurmitigeur, récupération d'énergie sur l'air extrait, plafond rayonnant, chasse d'eau à double commande...) et se base principalement sur une conception architecturale bien pensée, mais permet d'effectuer des économies d'énergie chaque jour et à tous les niveaux.

    Les hôpitaux écolo en France

    Depuis la mise en place de la certification, le Centre hospitalier d’Alès a été le premier hôpital HQE à ouvrir ses portesportes. C'était en 2010, et ce projet constituait une opération pilote pour l'expérimentation de la certification HQE par le Centre scientifique des techniques du bâtiment (CSTB) et l'Agence de l'environnement et des économies d'énergie (Ademe).

    Si la gestion de l'énergie était annoncée avant son ouverture comme « très performante », elle a été reclassée comme « performante ». Quant à la gestion de l'eau, elle n'est qu'au niveau « base ». Des efforts ont sans aucun doute été réalisés et sont à souligner, mais ce n'est vraisemblablement pas dans les hôpitaux que l'économie d'énergie est la plus facile à réaliser.

    D'autres établissements de santé sont également en construction ou en projet, comme le Centre hospitalier sud francilien localisé à Évry. Doté de 15.000 mètres carrés de toiturestoitures et d'espaces verts végétalisés, il devrait ouvrir prochainement (en mai 2011). Dans ce bâtiment, la majorité du chauffage sera assuré par une chaudière trigénération (fabriquant simultanément de l'électricité, du chauffage et du froid) utilisant la biomassebiomasse (du boisbois et de la paille) disponible dans la région.