La réglisse est connue pour ses propriétés "adoucissantes" en cas de maux de gorge, ainsi que pour une action antimicrobienne. Une récente étude montre qu'elle pourrait de plus être une arme efficace et inattendue contre l'agent du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Des essais in vitro ont montré que des extraits de la racine de la plante (pour la fabrication de la réglisse alimentaire c'est aussi cette partie de la plante qui est utilisée) empêchent le développement du virus du SRAS dans les cellules.

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    L'étude, menée par le virologiste Jindrich Cinatl et son équipe, de l'University Medical School de Francfort, consistait à tester l'effet de hautes doses d'un composé de la réglisse appelé glycyrrhizine sur la multiplication du virus dans des cellules de singe préalablement infectées. La glycyrrhizine a montré des résultats supérieurs à la ribavirine, médicament actuellement le plus utilisé pour traiter les pneumonies atypiquespneumonies atypiques.
    La glycirrhizine agit en limitant la fixation du virus sur la cellule, ainsi que sa pénétration dans cette dernière : la multiplication du virus est ainsi limitée, celui-ci passant plus difficilement d'une cellule à l'autre. La glycyrrhizine est le composé responsable de la saveur particulière de la réglisse. On connaissait déjà ses effets sur la croissance d'autres virus : il a une action contre l'herpes, et aide aussi à soigner le foie des personnes infectées par l'hépatite C. Il est actuellement testé comme traitement contre le virus HIV, et a montré un effet inhibiteur de la réplicationréplication du virus en cultures cellulaires.

    De nombreuses molécules testées


    Toutefois il faut se garder de croire qu'on détient dès maintenant la solution contre le virus du SRAS. Pour limiter fortement la multiplication du virus, de très fortes doses de glycirrhizine sont nécessaires, doses difficilement applicables cliniquement. Mais on peut espérer que ce composé pourra être à l'origine du développement de médicaments de composition proches, encore plus efficaces.
    De plus, la glycirrhizine n'est qu'un des composés candidats pour soigner le SRAS parmi beaucoup d'autres. Depuis le début de l'épidémieépidémie de SRAS, les efforts s'intensifient pour trouver des traitements efficaces. Pendant les deux derniers mois, les chercheurs du US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases (Fort Detrick, Maryland) ont par exemple testé plus de 200 000 composés, en provenance de laboratoires du monde entier.
    Mais le délai entre tests de laboratoire sur des cultures de cellules in vitroin vitro et l'utilisation clinique de ces composés est très long, et le futur médicament doit d'abord prouver son efficacité dans des tests in vivoin vivo, chez des animaux puis chez l'homme. Le rapport dose/efficacité doit être déterminé, le temps d'élimination par l'organisme, etc...
    La glycyrrhizine n'est de plus pas exempte d'effets secondaires : une consommation excessive (pendant plus de 6 semaines) peut entraîner des syndrômes d'intoxication minéralocorticoïde : maux de tête, mal de tête, léthargie, hypertensionhypertension, rétention d'eaurétention d'eau et de sodiumsodium, hypersécrétion de potassiumpotassium et parfois même arrêt cardiaquearrêt cardiaque (on déconseille généralement la consommation excessive de réglisse, surtout pour les personnes ayant des problèmes cardiaques).

    References
    Cinatl, J. et al. Glycyrrhizin, an active component of liquorice rootsroots, and replication of SARS-associated coronaviruscoronavirus. The Lancet, 361, 2045 - 2046, (2003).