Après le Médiator, les laboratoires Servier sont de nouveau dans la tourmente avec le Protelos, un médicament présentant des effets secondaires graves, qui n'auraient pas été indiqués. L'Afssaps souhaite aussi suspendre la commercialisation d'un autre médicament, le Vastarel.

au sommaire


    Depuis l'affaire du Médiator, l'Afssaps se montre très prudente quant à la surveillance des médicaments. © DR

    Depuis l'affaire du Médiator, l'Afssaps se montre très prudente quant à la surveillance des médicaments. © DR

    Les laboratoires Servier ont-ils dissimulé aux autorités les effets secondaires du Protelos ? Est-il exact que tous les médicaments de ce groupe pharmaceutique font actuellement l'objet d'une révision systématique par les autorités européennes ? L'industriel « dément fermement les accusations du journal Libération ». Il n'en reste pas moins que cette nouvelle affaire place sous les projecteursprojecteurs un médicament commercialisé en France en 2006, et dont l'histoire est déjà riche en rebondissements.

    Le ranelate de strontiumstrontium (Protelos) est indiqué dans la prise en charge de l'ostéoporose chez la femme ménopausée. Il vise à diminuer le risque de fractures de vertèbres et de la hanche.

    Protelos : quels sont les risques ?

    En novembre 2007, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) rapportait le décès de deux patientes victimes d'un syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse appelée syndrome DRESS. Ce type de réaction allergique atteint notamment le foie et les reins. L'Afssaps et l'Agence européenne du médicament (EMA) avaient alors demandé « aux patientes traitées par Protelos d'arrêter immédiatement et définitivement leur traitement en cas d'éruption cutanée, et de consulter rapidement un médecin ».

    À l'époque, cet effet indésirable ne figurait pas dans le Résumé des caractéristiques du produit (RCPRCP). « Lors de la commercialisation du médicament, il n'était pas connu », avait alors précisé l'Afssaps. De leur côté, les laboratoires Servier précisaient que « l'ensemble des réactions cutanées d'hypersensibilité observées avec Protelos sont très rares : moins de 1 cas pour 10.000 patients traités ». Aujourd'hui, ce risque de syndrome DRESS figure bien dans le RCP. Par ailleurs, Protelos fait partie de la liste des médicaments faisant l'objet d'une surveillance renforcée.

    Le Résumé des caractéristiques du produit doit indiquer les effets secondaires du médicament. © Phovoir

    Le Résumé des caractéristiques du produit doit indiquer les effets secondaires du médicament. © Phovoir

    Dans un communiqué de presse diffusé ce mercredi, les laboratoires Servier affirment n'avoir « jamais dissimulé les effets secondaires d'un médicament ». Ils ajoutent que « les deux décès chez des patients qui prenaient du Protelos et qui avaient souffert d'une réaction cutanée à impact systémique (DRESS) ont bien été rapportés dans les rapports de pharmacovigilance ».

    Au tour du Vastarel

    Faisant référence à l'article de Libération, l'industriel précise que « le rapport d'inspection [...] n'a pas entraîné de la part de l'EMA une demande de réévaluation de tous les médicaments de Servier ». Sollicité sur ce point, l'EMA n'a pour l'heure ni confirmé ni infirmé.

    En France en revanche, un autre médicament du Groupe Servier est actuellement placé sous très étroite surveillance. Il s'agit du Vastarel (trimétazidine). Indiqué notamment dans le traitement des acouphènes et de l'angine de poitrine, il est commercialisé depuis 1980. En raison d'effets indésirables graves (syndromes parkinsoniens, thrombopéniethrombopénie, purpura...), il a fait l'objet d'une demande de suspension d'AMMAMM par la commission compétente de l'Afssaps. Sa balance bénéfice/risque fait actuellement l'objet d'une étude approfondie.