L'effet est modeste mais un vaccin, testé depuis six ans sur 16.000 personnes en Thaïlande, a significativement réduit les risques d'infection par le VIH. De quoi espérer un jour une vaccination efficace.

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    Le VIH sera-t-il vaincu par cette nouvelle arme ? © L. Arthur et al., Science, 1992

    Le VIH sera-t-il vaincu par cette nouvelle arme ? © L. Arthur et al., Science, 1992

    Les résultats d'un essai clinique sur l'effet d'un double vaccin viennent d'être rendus publics et démontrent, selon les auteurs de l'étude, « que la stratégie de vaccination étudiée était bien tolérée et partiellement efficace dans la préventionprévention de l'infection à VIH ». En clair, l'étude ne démontre pas qu'un vaccin contre le Sida existe désormais mais qu'une vaccination est possible.

    Cet essai clinique en phase 3 (c'est-à-dire réalisé sur un grand nombre de patients, en comparaison avec un placeboplacebo - c'est le cas ici - ou un traitement déjà connu) a débuté en 2003 en Thaïlande et a porté sur 16.402 personnes volontaires, séronégatives, de 19 à 30 ans. Ce long travail, réalisé par le ministère thaïlandais de la santé, a été financé par le gouvernement des Etats-Unis, par l'intermédiaire de l'armée et plus précisément de la Medical Materiel Development Activity (du MHRP), ce qui explique que les résultats viennent d'être annoncés par le médecin chef de l'armée américaine, promoteur officiel de l'étude.

    31% d'infection en moins

    L'essai clinique (baptisé RV 144) portait sur une double vaccination : une primo-injection du Alvac HIV, mis au point par Sanofi-Pasteur, et un rappel six mois plus tard avec le vaccin Aidsvax B/E, produit par VaxGen, une entreprise californienne, qui en a depuis cédé les droits à Global Solutions for Infectious Diseases. Les sujets ont été suivis ensuite pendant trois ans.

    Parmi les personnes ayant reçu le placebo (la moitié de l'effectif total), 74 ont été infectés par le VIH, le virus du SidaSida, contre seulement 51 chez celles qui avaient été vaccinées. La réduction du risque d'infection est donc de 31%. « Ce résultat est statistiquement significatif » explique le communiqué. En revanche, chez les sujets devenus séropositifsséropositifs après la vaccination, la charge viralecharge virale (c'est-à-dire la quantité de virus dans le sang) n'a pas été réduite par le traitement. Le détail complet des résultats sera exposé à Paris le 20 octobre 2009 lors de la conférence internationale AIDS Vaccine 2009.

    Selon les propres termes des auteurs de l'étude, l'effet de cette vaccination est « modeste ». Pour Michel DeWilde, vice-président Recherche et développement de Sanofi-Pasteur, c'est « la première démonstration concrète, depuis la découverte du virus en 1983, qu'un vaccin contre le VIH peut un jour devenir une réalité ».