Seuls 177 cas de poliomyélite ont été détectés dans le monde entre janvier et octobre 2012, soit un recul de la maladie de 65 % en un an. On se rapproche de l’objectif d’éradication fixé à la fin des années 1980, mais des efforts restent à fournir…

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    La polio imitera-t-elle la variole ? Depuis 1977, celle-ci est devenue la première et la seule maladie éradiquée par l'Homme à la suite de grandes campagnes de vaccinations. D'ici quelques années, la poliomyélite pourrait la rejoindre dans ce cercle très fermé, puisque les dernières données fournies lors du congrès de l'American Society of Tropical Medicine and Hygiene (ASTMH) montrent un très net recul. L'infection n'a concerné que 177 personnes entre janvier et octobre 2012, quand, sur la même période l'an passé, elle avait touché 502 individus.

    Aujourd'hui, elle ne subsiste que dans trois pays (contre 125 en 1988) : l'Afghanistan et son voisin le Pakistan, et le Nigéria. La situation varie selon les territoires. Le Nigéria inquiète car il concentre 99 cas (56 %), avec un doublement du nombre de malades par rapport à 2011. Par le passé, des épidémies avaient pu se répandre jusque dans 25 pays africains, les autorités craignent donc de voir se reproduire ce sombre scénario.

    Une souche de polio sur deux a disparu au Pakistan

    En revanche, le Pakistan figure parmi les bons élèves. L'une des deux souches de la maladie, dite de type 3, n'a plus été détectée lors des 6 derniers mois, un signe très encourageant car jamais elle n'était restée silencieuse aussi longtemps. Ces progrès sont dus à des efforts pour améliorer l'accessibilité aux vaccins. Mais certains parents refuseraient les administrations orales nécessaires pour protéger leurs enfants.

    Les virus de la polio, qui ressemblent aux alvéoles d'une ruche, s’en prennent au système nerveux et causent des paralysies parfois handicapantes à vie. Rien qu’en France, 40.000 à 55.000 personnes garderaient les traces de cette maladie qui touche surtout des enfants. © Fred Murphy et Sylvia Whitfield, CDC, DP

    Les virus de la polio, qui ressemblent aux alvéoles d'une ruche, s’en prennent au système nerveux et causent des paralysies parfois handicapantes à vie. Rien qu’en France, 40.000 à 55.000 personnes garderaient les traces de cette maladie qui touche surtout des enfants. © Fred Murphy et Sylvia Whitfield, CDC, DP

    Une situation difficile, qui n'inquiète pas outre mesure Steven Wassilak, des Centers for Disease ControlCenters for Disease Control and Prevention (CDC) américains, car le même problème s'est déjà présenté en Inde, pays qui n'a plus connu de cas de polio depuis janvier 2011.

    L’éradication est-elle crédible ?

    Désormais, il faut redoubler d'efforts pour terminer le travail car le combat n'est pas encore gagné. À la différence de la variole qui ne se transmet qu'entre humains, les virus de la poliomyélite peuvent subsister dans l'eau et infester leur hôte lorsqu'il entre en contact avec le liquideliquide. Même s'ils s'en prennent au système nerveux centralsystème nerveux central, causant paralysies, handicaps, voire la mort, les virus s'établissent dans les intestins et sont excrétés dans les selles, avant de se retrouver à l'état libre dans l'eau et contaminer une nouvelle victime. Il ne suffit donc pas d'isoler un patient pour éviter que la contagion ne s'initie.

    Pour que la maladie soit considérée comme éradiquée, il doit se passer 3 ans sans que personne ne la déclare. À partir de ce moment-là, on pourra se dire que le virus a été exterminé. Cependant, des mutations sont toujours possibles et une nouvelle forme pourrait ressurgir dans la nature. Si l'on se réfère au seul cas de figure connu, la variole, cela fait plus de 30 ans qu'il n'a donné aucun signe de vie, mis à part dans quelques laboratoires habilités à le conserver. En espérant que la poliomyélite suive le même chemin.