Les femmes qui prennent la pilule contraceptive combinée auraient des règles moins douloureuses. C’est la conclusion d’une étude menée sur trente ans en Suède. Si l’on s’en doutait, il manquait une preuve scientifique tangible pour étayer cette thèse. C’est chose faite.

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    Certains gynécologuesgynécologues l'avoueraient presque : ils ne prescrivent pas seulement la pilule combinée pour ses propriétés contraceptives. Depuis quarante ans maintenant, quelques-uns en fournissent aux patientes se plaignant de règles particulièrement douloureuses (en toute illégalité), appelées dysménorrhées, car ils ont constaté un effet bénéfique sur le ressenti des douleurs. Un avantage de cette pilule conciliant œstrogène et progestérone par rapport à la pilule progestative.

    Une étude de 2009 qui passait en revue les travaux les plus sérieux remettait en cause cette idée, concluant qu'il n'y avait à ce jour aucun élément scientifique raisonnable permettant d'affirmer que la pilule combinée atténuait la dysménorrhée.

    Cette lacune semble désormais comblée grâce aux recherches effectuées par des scientifiques de l'université de Göteborg (Suède) portant sur trois cohortes de femmes dont ils ont étudié les maux lorsqu'elles avaient 19 et 24 ans. Les résultats sont publiés dans Human Reproduction.

    Une évaluation de la douleur liée aux règles sur trois générations

    Des femmes nées en 1962 (656 personnes), 1972 (780) et 1982 (666) ont été interrogées à 19 ans sur plusieurs paramètres de leur intimité, notamment leur taille, poids, les douleursdouleurs menstruelles, leur utilisation de contraceptifs ou leurs éventuelles grossesses. Les mêmes questions étaient de nouveau posées cinq années plus tard à ces mêmes femmes pour constater l'évolution des symptômessymptômes.

    Pour mesurer l'intensité de la douleur, les chercheurs ont utilisé deux méthodes. 

    • La première, appelée VMS (verbal muldimensional scoring system), comporte quatre échelles de douleurs : absente, légère, modérée et sévère. En plus de ces réponses subjectives, l'activité quotidienne et la prise d'antidouleurs étaient également prises en compte.
    • La seconde consiste à placer sur une échelle graduée en centimètres allant de 0 à 10 l'intensité de la douleur.
    Les règles douloureuses seraient la cause d'un absentéisme scolaire et professionnel. Aux États-Unis, 600 millions d'heures ne seraient pas ouvrées à cause de ces douleurs, pour une perte nette de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros). © xtof, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les règles douloureuses seraient la cause d'un absentéisme scolaire et professionnel. Aux États-Unis, 600 millions d'heures ne seraient pas ouvrées à cause de ces douleurs, pour une perte nette de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros). © xtof, Flickr, cc by nc sa 2.0

    La pilule combinée, contraceptif et antidouleur

    Lors du bilan, les auteurs se sont aperçus que les femmes qui prenaient la pilule combinée se plaignaient moins de dysménorrhées. En moyenne, avec la première méthode, la douleur était abaissée de 0,3 unité sur l'échelle VMS tandis qu'elle reculait de 9 mm avec la deuxième.

    En parallèle, ils ont constaté que l'intensité de la douleur diminuait aussi avec l'âge de 0,1 unité VMS, et de 5 mm en cinq ans, indépendamment de la prise de la pilule. L'accouchement semble aussi être un des facteurs permettant aux femmes de mieux supporter leurs menstruations mais le trop faible échantillon de mères ne permet pas de l'affirmer avec certitude.

    Des dysménorrhées plus sévères pour la génération 1982

    Autre résultat, qui peut paraître surprenant : les femmes nées en 1982 se plaignent en moyenne de douleurs plus fortes que celles nées en 1972 ou 1962. « Nous ne sommes pas sûrs d'en comprendre la raison, commente Ingela Lindh, première auteur de l'étude. Cela peut être dû à un changement dans la forme de contraception orale utilisée, par exemple des différences de concentrations en oestrogènesoestrogènes ou de type de progestérone. Ou peut-être une appréciation différente de la douleur chez les femmes les plus jeunes, qui pourrait expliquer qu'elles soient plus sensibles à la douleur ou plus habituées à se plaindre des désagréments que leurs homologues des générations précédentes. »

    Les chercheurs souhaitent maintenant que cet aspect soit évoqué par les gynécologues-obstétriciens lors du conseil d'une contraceptioncontraception. Cependant, la législation interdit aux spécialistes de prescrire la pilule uniquement dans le but de calmer les dysménorrhées. Il s'agirait seulement d'insister sur un effet secondaire bénéfique, dans certains cas non-négligeable.