Les femmes exposées aux phtalates, ces substances contenues dans les plastiques de nombreux produits cosmétiques, ont plus de risque de développer un diabète de type 2. L’association trouvée ne serait valable que pour certaines femmes.


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    Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques que l'on retrouve dans de nombreux produits de consommation quotidienne. Les industriels choisissent en particulier les phtalates pour la composition des plastiquesplastiques de jouets, d'emballages alimentaires, mais aussi de nombreux produits de beauté utilisés par les femmes. L'exposition aux phtalates est associée à une baisse de la fertilité, au diabète et à d'autres troubles endocriniens.

    Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism montre que certains composés issus du métabolisme des phtalates (des métabolites) peuvent participer à augmenter le risque de développer un diabète de type 2 chez les femmes. L'étude SWAN (Study of Women's Health Across the Nation) a suivi pendant six ans 1 308 femmes d'âge moyen, non diabétiquesdiabétiques au début de la recherche en 1999. Des échantillons d'urine ont été recueillis à deux reprises pour examiner l'exposition aux phtalates dans le temps.

    Une étude a recherché si l'exposition aux phtalates était associée à une incidence plus élevée de diabète de type 2. © Minerva Studio, Adobe Stock
    Une étude a recherché si l'exposition aux phtalates était associée à une incidence plus élevée de diabète de type 2. © Minerva Studio, Adobe Stock

    Une association significative seulement pour les femmes blanches ?

    Environ 5 % des participantes (soit 61) ont développé un diabète en l'espace de six ans. Dans l'analyse de départ, l'incidenceincidence des phtalates sur le risque de diabète n'était pas significative. En revanche, la prise en compte de l'origine ethnique a modifié ce résultat : les femmes blanches exposées à des niveaux élevés de certains métabolites de phtalates avaient 30 à 63 % plus de risques de développer un diabète de type 2 que les autres. En effet, les phtalates n'étaient pas associés à l'incidence du diabète chez les femmes noires ou asiatiques.

    Des investigations supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre cet impact sur les maladies métaboliques telles que le diabète de type 2.


    Les phtalates des produits de beauté favoriseraient le diabète

    Article de Janlou Chaput, publié le 18 juillet 2012

    Les femmes présentant les plus fortes concentrations en phtalates ont deux fois plus de risque de déclarer un diabète de type 2 en comparaison de celles avec les taux les plus bas. Dans le collimateur notamment : les produits de beauté non exempts de cette substance polluante. L'enquête ne fait que commencer...

    On connaissait déjà quelques-uns des méfaits des phtalates. Certains de ces produits chimiques formant une grande famille sont classés, par exemple, dans la catégorie des perturbateurs endocriniens et causent infertilité et stérilité dans la population masculine en ayant une activité proche des œstrogènesœstrogènes, l'hormonehormone sexuelle féminine.

    De manière surprenante, ces polluants se retrouvent en plus fortes concentrations chez les femmes. Pourquoi une telle différence ? Bien que cette moléculemolécule ubiquiste se retrouve dans une large palette de produits de consommation courante (voitures neuves, jouets, emballages alimentaires, etc.), elle entre dans la composition de nombreux produits de beauté, comme des vernisvernis à onglesongles, des savons, des parfums, des crèmes hydratantes, tous plus largement utilisés par la gent féminine.

    Pour vérifier l'existence d'un lien entre les taux de phtalates et un diabète de type 2, des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital de Boston (Massachusetts) ont entrepris de tester 2.350 femmes entre 20 et 80 ans regroupées dans une cohortecohorte, la National Health and Nutrition Examination Survey (Nhanes), représentative des Américaines. Leurs résultats, inquiétants, sont publiés dans Environmental Health Perspective.

    Les phtalates se construisent selon ce modèle : deux chaînes carbonées (R<sup>1</sup> et R<sup>2</sup>) sont liées à une molécule d'acide phtalique. Toutes les molécules de la famille n'induisent pas le même effet. © Jü, Wikipédia, DP
    Les phtalates se construisent selon ce modèle : deux chaînes carbonées (R1 et R2) sont liées à une molécule d'acide phtalique. Toutes les molécules de la famille n'induisent pas le même effet. © Jü, Wikipédia, DP

    Des produits de beauté mauvais pour le diabète

    En dosant ces molécules dans les urines de ces dames, les conclusions qui en sortent paraissent sans appel. D'un point de vue global, les femmes présentant les concentrations les plus élevées en phtalates (dont celles ayant recours le plus souvent à des produits de beauté) ont des risques plus importants de développer le diabète insulinorésistant que celles dont les taux sont les plus faibles. En détaillant les résultats des analyses, on constate que :

    • la probabilité de déclarer la maladie est quasiment deux fois plus élevée chez les individus avec des taux de monophtalate de benzyle et de phtalate mono-isobutyle que ceux dont les concentrations retrouvées sont les plus faibles ;
    • les taux de phtalates 3-carboxypropyl dépassant la quantité médiane sont associés à un risque de déclarer le diabète accru de 60 % ;
    • les femmes présentant des concentrations en phtalate mono-n-butyle et di-2-éthylhexyle modérés ont malgré tout 70 % de risques en plus de contracter la maladie métabolique par rapport à celles se maintenant aux taux les plus bas.

    Les phtalates, ennemis d’hier et de demain ?

    Pour autant, il ne faut pas paniquer outre mesure. L'étude pourrait être biaisée car certains dispositifs servant à traiter le diabète ont recours à des composés constitués de phtalates, comme le reconnaît Tamara James-Todd, l'une des auteurs de l'étude. 

    Pour préciser ce défaut, les scientifiques en appellent justement à plus d'études sur la question. De précédents travaux ont montré que nous étions tous exposés quotidiennement à ce polluant ubiquiste. La contaminationcontamination devenant inévitable, il faut maintenant chercher à la limiter au maximum. Comment ? Peut-être en réalisant d'autres recherches imputant aux phtalates de nouvelles propriétés toxiques et ainsi pousser l'industrie à revoir la composition de ses emballages...