Pour éviter qu'une seconde phase d'épidémie de grippe A/H1N1 ne se transforme à nouveau en pandémie, une campagne de vaccination serait bien utile. Mais face à un virus nouveau et avec la contrainte de ne pas oublier le virus de la grippe saisonnière, tout aussi dangereux, l'équation à résoudre n'est pas simple. Deux experts donnent leur avis.

au sommaire


    Un vaccin, oui, mais lequel ? © Idrutu/Fotolia

    Un vaccin, oui, mais lequel ? © Idrutu/Fotolia

    Alors que le bilan de la grippe A/H1N1grippe A/H1N1 s'élève désormais à 1.516 cas dans 22 pays selon les chiffres officiels de l'OMS, et qu'une jeune Américaine vient de succomber au Texas, une question centrale se pose : quelle stratégie de vaccination adopter face à la pandémie de grippe ? Deux experts de renom, le professeur Bruno Lina, directeur du Centre national de référence de la grippe à Lyon, et le professeur Claire-Anne Siegrist, qui dirige la chaire de Vaccinologie de l'Université de Genève, expliquent leurs points de vue, qui ne convergent pas tout à fait.

    « L'objectif actuellement, c'est bien évidemment de freiner au maximum la propagation du virus A(H1N1) pour avoir le temps de développer un vaccin » précisait le 4 mai Claire-Anne Siegrist sur les ondes de la Radio suisse romande, lors de l'émissionémission Impatience. Pour cela, deux scénarios sont possibles.

    « Le premier consiste à remplacer une des trois souches virales déjà présentes dans le vaccin saisonnier classique par celle du porc A(H1N1) ». Si cette option est de loin la plus simple, elle pêchepêche par la lenteur de sa mise en place. « Il faudra quatre mois au minimum avant de pouvoir fabriquer le vaccin » rappelle Claire-Anne Siegrist. Elle confie donc sa préférence pour une deuxième voie : celle du vaccin pré-pandémique déjà mis au point contre la grippe aviairegrippe aviaire.

    Un choix cornélien

    « L'idée est d'introduire la souche H1N1 en remplacement de la souche aviaire H5N1H5N1 initialement prévue. Cela permettrait de donner une certaine immunitéimmunité de base aux populations, en attendant l'arrivée du vaccin pandémique à proprement parler ».

    Pour Bruno Lina, cette logique, solidesolide en théorie, ne résiste pas à la pratique. « Certes, la vaccination en période pré-pandémique est la meilleure façon d'éviter l'impact massif d'une pandémie. Mais dans la pratique, il faudrait disposer d'un tel vaccin. Or nous n'en avons pas à ce jour, ou pas suffisamment ».

    Se pose donc la question de la production d'un tel vaccin. Et là... cela coince. « Si nous décidons de fabriquer du vaccin pré-pandémique, il faudra par définition le faire avant l'arrivée de la pandémie, entraînant obligatoirement l'arrêt de la fabrication du vaccin contre la grippe saisonnière. En effet, nos capacités de production même si elles sont importantes, sont insuffisantes pour produire les deux simultanément » insiste Bruno Lina.

    « Or nous savons que la vaccination contre la grippe saisonnière évite la mortalité chez les personnes âgées, c'est clair. » Le choix est donc cornélien. « Seule lOMS est habilitée à trancher. Elle ne l'a toujours pas fait, poursuit-il. L'ensemble de l'industrie pharmaceutique attend la décision officielle de l'Organisation, qui n'arrive toujours pas. »