Les chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale (CNRS, Marseille) participent en 2003 à la découverte, chez une amibe, du plus grand virus à ADN jamais recensé, Mimivirus. En 2004, ils analysent son génome et y trouvent des gènes inhabituels chez les virus. Leurs derniers travaux, publiés le 11 octobre dans les Proceedings of the national Academy of Sciences of the USA (PNAS), montrent que Mimivirus a conservé une grande homogénéité au cours de l'évolution et relancent l'hypothèse selon laquelle il constituerait une nouvelle branche dans l'arbre du vivant.

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    Depuis sa découverte puis le décryptage de son génome, Mimivirus, seul membre de la famille des Mimiviridae et parasiteparasite de l'amibe commune Acanthamoeba polyphaga, est l'objet de discussions passionnées au sein de la communauté des virologistes. Plus gros que bien des bactéries, il compte dans son génome près de 1000 gènes dont une trentaine est habituellement présente chez les organismes cellulaires et absents des virusvirus. Mimivirus brouille ainsi la frontière entre virus et bactérie...

    Quelles forces évolutives peuvent rendre compte de l'émergenceémergence d'un tel virus ? Deux écoles s'affrontent. La plus traditionnelle ne veut voir dans ce virus qu'un pickpocket surdoué, mais d'origine récente, qui a accumulé des gènes d'origines diverses dans un processus quasi-aléatoire. L'autre école considère ce virus comme un véritable organisme, et défend le scénario d'une origine beaucoup plus ancestrale suivie d'une évolution apparentée à celle des bactéries.

    La nouvelle étude bioinformatique du laboratoire CNRS Information génomiquegénomique et structurale semble faire pencher la balance vers la seconde hypothèse. Les auteurs ont découvert que la moitié des gènes de Mimivirus possède, dans la région qui gouverne leur expression, le promoteur, la même séquence de nucléotidesnucléotides : AAAATTGA1. Une telle simplicité des promoteurs n'a jamais été observée pour aucun autre organisme : eucaryoteeucaryote, bactérie ou virus. C'est donc une nouvelle énigme qui entoure cet étrange virus. Cette propriété rend également très peu probable le fait que les gènes constituant le génome géant de ce virus aient pu être acquis de manière indépendante au gré d'échanges génétiquesgénétiques avec des hôtes de passage.

    Les chercheurs en concluent qu'au moins la moitié des gènes de Mimivirus a une origine commune, et probablement très ancienne. Le génome de Mimivirus n'est donc pas un "sac de gènes" aléatoirement constitué, mais une structure qui a préservé une grande homogénéité au cours de son évolution. L'absence d'une quelconque similarité du promoteur de Mimivirus avec les organismes eucaryotes actuels relance l'hypothèse de sa parenté avec un 4ème domaine du vivant, distinct des 3 domaines connus : eucaryotes, bactéries et archaebactéries.

    Image d'un <em>Mimivirus</em> en microscopie électronique (approx. X 200.000)<br />Crédit : &copy; CNRS photothèque - D. Raoult, N. Aldrovandi.

    Image d'un Mimivirus en microscopie électronique (approx. X 200.000)
    Crédit : © CNRS photothèque - D. Raoult, N. Aldrovandi.

    Les domaines du vivant

    Depuis les années 1990, il est admis que le monde vivant est divisé en 3 domaines basés sur la structure cellulaire :

    • les eucaryotes, cellules caractérisées par la présence d'un noyau, constituant les plantes, les animaux, les champignonschampignons
    • les bactéries, cellules procaryotesprocaryotes (sans noyau)
    • les archéobactériesarchéobactéries, bactéries aux caractéristiques intermédiaires entre procaryotes et eucaryotes, connues pour leur capacité à vivre dans les milieux extrêmes Mimivirus se positionnerait comme "l'héritier" d'une 4ème branche dans l'arbrearbre de l'évolution de la vie.

      Image du site Futura Sciences

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