Des Équatoriens de petite taille seraient protégés contre le cancer et le diabète, si l'on en croit les résultats d'une étude sérieuse. Aurait-on alors découvert le secret pour vivre mieux et plus vieux ? Rien n'est moins sûr !

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    Le nanisme protégerait ces Équatoriens de certaines maladies. © J. Guevara-Aguirre, V. Longo, Science Translational Medicine

    Le nanisme protégerait ces Équatoriens de certaines maladies. © J. Guevara-Aguirre, V. Longo, Science Translational Medicine

    Une petite communauté (moins de 2.000 personnes) en ÉquateurÉquateur, détiendrait-elle le secret du « bien vieillir » ? Une étude publiée dans Science Translational Medicine nous apprend en effet que certains de ses membres ignorent aussi bien les cancers que le diabète ! Ces « gens heureux » ont toutefois une autre particularité car ils souffrent tous de nanisme. De quoi attirer la curiosité de scientifiques américains et équatoriens.

    Pendant vingt-trois ans, le biologiste Valter Longo (Los Angeles) et l'endocrinologue Jaime Guevara-Aguirre (Quito) ont suivi l'état de santé de 1.700 membres de cette communauté isolée dans les Andes équatoriennes. Une centaine d'entre eux souffraient du syndrome de Laron, une affection congénitale caractérisée par une petite taille. Celle-ci, on le sait, est due à une mutation génétique au niveau du récepteur de l'hormone de croissance. Comme inhibé, ce dernier est incapable d'en gouverner la bonne utilisation.

    Trois maladies presque absentes

    Les 1.600 autres membres de la communauté qui ont participé à ce travail étaient pour leur part, de « taille normale ». En collectant des données sur la santé de cette cohortecohorte, les deux médecins ont relevé trois faits particulièrement intéressants concernant les patients atteints du syndrome de Laron :

    • aucun n'a développé de diabète, même si certains présentent des facteurs de risquefacteurs de risque comme l'obésitéobésité ;
    • l'incidenceincidence des accidentsaccidents vasculaires cérébraux (AVCAVC) « est tellement faible qu'elle est négligeable » ;
    • un seul a déclaré un cancer, au demeurant « non mortel ».

    Parmi les autres membres de la communauté, ils ont observé une incidence relativement normale du diabète et des cancers. La proportion des habitants concernés a en effet été de 5 % et 17 %, respectivement.

    Pour les auteurs, leur travail suggère que « l'inhibitioninhibition du récepteur de l'hormonehormone de croissance chez des personnes ayant atteint leur taille adulte, pourrait prévenir l'apparition de nombreuses maladies, les cancers et le diabète notamment ».

    Ils ne vivent pas plus longtemps !

    Est-ce à dire que le taux de cette hormone pourrait être considéré comme un nouveau facteur de risque cardiovasculaire, au même titre que l'hypercholestérolémie ? Il serait prématuré de répondre par l'affirmative. Mais Longo et Guevara-Aguirre imaginent déjà que « les traitements qui cibleraient son activité seraient en quelque sorte les nouvelles statinesstatines » ! L'allusion est faite ici à ces traitements anticholestérol qui ont littéralement révolutionné la préventionprévention de certaines maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires.

    Dernier point et c'est l'ultime constat surprenant de ce travail : l'équipe américano-équatorienne n'a pas observé de différence significative au niveau de l'espérance de vieespérance de vie des deux groupes d'étude. Autrement dit, même s'ils ne déclarent jamais de diabète ni de cancers, les patients souffrant d'un syndrome de Laron ne vivent pas plus longtemps que les autres. « La plupart sont décédés d'accidents ou d'alcoolisme », concluent tristement les auteurs. La mort, quoi qu'on fasse, finit toujours par l'emporter...