Un astronaute sur deux est victime du mal des transports durant ses voyages dans l’espace. La Nasa a donc développé un spray nasal à base de scopolamine et collabore avec une firme pharmaceutique californienne pour la mise en place d’un dossier d’autorisation de mise sur le marché du médicament. Le produit serait aussi efficace et aurait moins d’effets secondaires que les traitements actuels.

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    C'est une histoire de perception sensorielle. Le mal des transports apparaît lors d'un trouble entre l'information visuelle reçue et ce qu'on appelle le système vestibulaire, à savoir le dispositif situé dans notre oreille interne qui nous permet de nous repérer et nous orienter par rapport au sol. Ce déséquilibre entraîne nausées, étourdissements ou encore fatigue. Il affecte une personne sur trois, voire deux personnes sur trois dans des conditions particulièrement sévères.

    Les astronautesastronautes, soumis à des accélérations variables et élevées, ont beau être entraînés, ils n'y échappent pas toujours. Ainsi, la moitié d'entre eux est victime de cinétose (le nom plus scientifique du mal des transports) lors des voyages dans l’espace. Sur Terre ou en orbiteorbite, les symptômes sont exactement les mêmes. 

    La NasaNasa a donc travaillé à l'élaboration d'un médicament pour rendre le trajet de son personnel navigant moins désagréable, et voilà que l'agence spatiale américaine annonce dans un communiqué de presse qu'elle est sur le point de faire valider un spray nasal, avec l'aide de la firme pharmaceutique Epiomed Therapeutics, basée à Irvine en Californie. Un traitement qui, s'il remplit tous les critères, ne se limitera pas seulement à ceux qui sortent de la stratosphèrestratosphère.

    Le mal des transports se manifeste par un mal de tête, une envie de vomir, des étourdissements ou de la fatigue. Lorsqu’on remet pied à terre, quelques minutes suffisent normalement pour retrouver un état normal. © Simonkr, <a href="http://bit.ly/Kh6tfi" target="_blank">StockFreeImages.com</a>

    Le mal des transports se manifeste par un mal de tête, une envie de vomir, des étourdissements ou de la fatigue. Lorsqu’on remet pied à terre, quelques minutes suffisent normalement pour retrouver un état normal. © Simonkr, StockFreeImages.com

    La scopolamine plus efficace par spray nasal

    Le principe actif de ce spray est une moléculemolécule appelée scopolamine. Cet alcaloïdealcaloïde est issu du monde végétal et inhibe l'action de l'acétylcholineacétylcholine, un neurotransmetteurneurotransmetteur du cerveau. À fortes doses, elle induit à court terme des troubles de la mémoire et de l’apprentissage et, à plus longue échéance, des problèmes psychiatriques.

    Mais, à des concentrations plus faibles, la scopolamine a déjà fait ses preuves dans le traitement du mal des transports. Seize volontaires ont reçu soit le médicament soit un placébo avant d'être placés dans une machine infernale digne des parcs d'attraction : les cobayes sont assis et attachés dans une boule métallique lorsque celle-ci se met à tourner dans tous les sens. Le manège s'arrête lorsque le patient commence à se plaindre de nausées légères ou, si tout va bien, au bout de 40 minutes. Bilan : le spray nasal permet d'augmenter les délais de 20 % par rapport au placéboplacébo.

    Comprimés ou patchs dermiques produisent les mêmes effets, précise la Nasa. Mais la différence réside dans les délais d'action. Il faut 22 minutes avant que les taux de scopolamine deviennent maximaux après inhalationinhalation. Ce temps est doublé pour le cachet.

    Nasa et Epiomed ensemble contre le mal des transports

    Il existe déjà d'autres traitements de la cinétose, comme le diménhydrinate. Du point de vue de l'efficacité, la scopolamine fait aussi bien. En revanche, elle s'accompagne d'effets secondaires moins importants, atténuant les sensations de somnolencesomnolence, de vision floue ou d'étourdissements. Cela lui laisse donc une chance de conquérir le marché.

    Avant d'en arriver là, elle devra évidemment passer les tests habituels, les fameux essais cliniques, qui permettront aux instances sanitaires d'autoriser ou non la mise en circulation du produit. La Nasa fait donc confiance à Epiomed Therapeutics pour constituer le dossier complet afin de faire valider le spray nasal et le prescrire en cas de mal aigu ou chronique des transports.