L’hormone de croissance semble inexorablement liée à des scandales. Lorsqu’elle n’est pas prélevée sur des cadavres contaminés par du prion infectieux, l’hormone synthétisée par des bactéries serait la source de décès prématurés.

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    La somatropine recombinante, qui a remplacé l'hormone de croissance naturelle, serait aussi une source de surmortalité des patients. © Anna, Fotolia

    La somatropine recombinante, qui a remplacé l'hormone de croissance naturelle, serait aussi une source de surmortalité des patients. © Anna, Fotolia

    Une surmortalité chez des patients traités dans leur enfance pour un retard de croissance avec des hormones de croissance synthétiques. C'est ce que vient de relever l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) au regard des premiers résultats de l'étude SAGHE pour « Santé adulte GH enfant » lancée en 2007 ; un constat à interpréter toutefois avec prudence.

    Mise en place en partenariat avec la Direction générale de la santé (DGS) et l'Institut national du cancer (Inca), l'étude SAGHE porteporte sur près de 10.000 patients traités entre 1985 et 1996. Objectif : évaluer la tolérance à long terme de l'hormone de croissance synthétique (somatropine recombinante). Seule à être autorisée depuis l'interdiction des hormones extractives (issues du corps humain), elle est utilisée notamment chez l'enfant et l'adulte dans le traitement d'un déficit en hormone de croissance, d'un syndrome de Turner, de Prader-Willi, d'une insuffisance rénaleinsuffisance rénale chronique...

    Des précautions sont nécessaires

    Les premiers résultats portent sur 7.000 patients, soit 75 % de l'ensemble de l'étude SAGHE. Ils indiquent un risque de surmortalité (toutes causes confondues) par rapport à la population générale, avec 93 décès constatés contre 70 estimés dans une population de référence. Selon l'Afssaps, « ces résultats ne permettent pas d'établir avec certitude une relation de causalité avec le traitement par hormone de croissance, mais sont suffisamment significatifs pour être portés à la connaissance des patients et des prescripteurs ».

    Ces données ont été transmises à l'Agence européenne du médicament (EMEA) où elles feront l'objet d'un examen dès la semaine prochaine. Dans l'attente du résultat de l'évaluation européenne, l'Afssaps recommande aux médecins « par mesure de précaution, de réserver ce traitement hormonal aux enfants pour lesquels le bénéfice est grand, comme ceux ayant un déficit en hormone de croissance naturelle ». Actuellement, en France, environ 9.800 enfants et adolescents de moins de 18 ans sont traités par hormone de croissance.