Darek Fidyka, un Bulgare de 38 ans paralysé suite à une agression au couteau en 2010, peut désormais remarcher, grâce à une greffe de cellules provenant de son système olfactif. L'opération a eu lieu en 2012, à Wroclaw, en Pologne.

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    Une greffe de cellules du bulbe olfactif offre un espoir de remarcher aux paraplégiques. © Rollstuhl1972, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Une greffe de cellules du bulbe olfactif offre un espoir de remarcher aux paraplégiques. © Rollstuhl1972, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Certaines lésions de la moelle épinière peuvent paralyser à vie des patients car les fibres nerveusesfibres nerveuses sectionnées ne se régénèrent pas spontanément. Un espoir de traiter ces cas apparemment incurables vient de surgir, grâce à certaines cellules permettant l'odorat : les cellules olfactives engainantes (olfactory ensheating cells ou OEC) et les fibroblastes olfactifs nerveux (olfactory nerve fibroblasts ou ONF). Les premières sont des cellules gliales qui, avec les fibroblastes, forment une enveloppe autour des faisceaux de fibres nerveuses olfactives. Des études chez l'animal ont montré que la greffe de cellules OEC et ONF cultivées à partir du bulbe olfactif pouvait conduire à la régénération et à la reconnexion d'axones de la moelle épinière. D'où l'idée de transposer ces résultats chez l'Homme.

    Dans un article paru dans Cell Transplantation, les scientifiques décrivent les résultats encourageants obtenus chez un Bulgare de 38 ans qui souffrait d'une lésion médullaire au niveau de la vertèbre Th9; 21 mois après sa blessure, le patient avait atteint le niveau A de la classification ASIA, correspondant à une lésion complète : absence totale de sensibilité et de motricité sous la lésion.

    La première étape du protocoleprotocole a consisté à prélever un bulbe olfactif du patient et à mettre en culture les cellules OEC et ONF. Pendant l'opération proprement dite, des micro-injections de cellules OEC et ONF ont été réalisées au-dessus et au-dessous de la région lésée. Quatre greffons organisés en bandes de tissu nerveux ont été placés dans cette zone. Comme les cellules provenaient du patient, il n'a pas été nécessaire de lui faire suivre un traitement immunodépresseur. Il n'y a pas eu d'effet indésirable dans les mois suivant l'opération.

    Le bulbe olfactif (1) se situe dans la boîte crânienne. 2 : cellules mitrales. 3 : os. 4 : épithélium nasal. 5 : glomérules. 6 : récepteurs olfactifs. © Chabacano, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    Le bulbe olfactif (1) se situe dans la boîte crânienne. 2 : cellules mitrales. 3 : os. 4 : épithélium nasal. 5 : glomérules. 6 : récepteurs olfactifs. © Chabacano, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    Une régénération des fibres nerveuses

    Après l'opération, le patient a suivi une rééducation et au bout de six mois il a fait ses premiers pas. La massemasse musculaire de la cuisse gauche a augmenté avant que sa fonction motrice ne soit restaurée, ce qui pouvait être un signe de réinnervation. Darek Fidyka marche maintenant avec un déambulateur, deux ans après la greffegreffe. Le médecin Pawel Tabakow, qui a réalisé cette opération, a expliqué à la BBC : « Le patient est désormais capable de bouger les hanches et, sur le côté gauche, il connaît un rétablissement considérable des muscles de la jambe. »

    Darek Fidyka a atteint le stade C de la classification ASIA, ce qui correspond à la présence d'une sensibilité et de la motricité de certains muscles. Le patient n'est plus incontinent, grâce à de meilleures sensations au niveau de la vessievessie, et le contrôle de la fonction érectile s'est amélioré sans médicaments.

    D'après les auteurs, la probabilité que le patient se soit rétabli spontanément est inférieure à 1 %. En effet, avant son opération, il a suivi huit mois de rééducation intensive, sans succès. Le rétablissement du patient suggère une régénération fonctionnelle des fibres nerveuses du système nerveux centralsystème nerveux central grâce aux cellules transplantées.