La vaccination : à quoi ça sert ? A l'heure où l'on parle d'une campagne massive, il n'est pas inutile de s'offrir une piqûre de rappel sur les raisons, les principes et les limites d'un vaccin contre le virus de la grippe.

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    Le vaccin contre la grippe est d'une utilité incontestable mais il reste quelques inconnues. © Alexander Raths / Fotolia

    Le vaccin contre la grippe est d'une utilité incontestable mais il reste quelques inconnues. © Alexander Raths / Fotolia

    « La vaccination poursuit plusieurs objectifs, explique Vincent Enous, responsable adjoint du Centre national de référence de la grippe à l'Institut Pasteur. Initialement, elle protège la personne contre le virus circulant, qu'il soit saisonnier ou pandémique. Mais si le vaccin vous immunise, il peut aussi protéger votre entourage en limitant la circulation du virus. Car si vous êtes vacciné le virus s'éteindra en vous très rapidement », ce qui mettra fin à la contagion.

    Pourquoi vacciner les enfants ? « Il est important de vacciner l'enfant pour le protéger bien sûr, mais aussi pour limiter au maximum la diffusiondiffusion du virus, insiste Vincent Enous. Nous savons en effet que toute infection virale d'un enfant provoque une dissémination rapide à son entourage. »

    Le problème est que « peu d'études ont confirmé l'efficacité du vaccin contre la grippe saisonnière chez les enfants de 6 mois à 2 ans » rappelle le Dr Robert Cohen, pédiatrepédiatre infectiologue à l'Hôpital Intercommunal de Créteil. « Et par définition, nous ne disposons d'aucune donnée démontrant l'efficacité du vaccin pandémique puisqu'il n'a encore jamais été utilisé. Nous verrons bien » conclut-il.

    Existe-t-il un âge minimum en deçà duquel l'enfant ne doit pas être vacciné ? « Nous pouvons vacciner un enfant dès 6 mois, pas avant » reprend Vincent Enous. D'où l'intérêt des antivirauxantiviraux qui peuvent être administrés chez le nourrisson de moins d'un an. Attention toutefois. En cas de suspicion de grippe, une consultation à l'hôpital est essentielle.

    A quoi servent les adjuvants ? Ils augmentent l'efficacité du vaccin (autrement dit sa capacité à susciter une réponse immunitaireréponse immunitaire) en réduisant les doses d'antigèneantigène nécessaires. Les vaccins pandémiques mis au point par le suisse Novartis et le britannique GlaxoSmithKline (GSK) sont ainsi adjuvantés. Ils contiennent notamment du squalène, une substance organique présente à l'état naturel dans de nombreuses plantes.

    « La mauvaise réputation de cet adjuvant n'est pas justifiée » rassure Vincent Enous. Pour preuve le cas du vaccin adjuvanté contre la grippe Fluad ou Gripguard, distribué sans problème à plus de 45 millions de personnes en Europe depuis son enregistrement en 1997...

    En revanche, « sur les femmes enceintes ou les très jeunes enfants, nous disposons de peu de recul sur les vaccins adjuvantés » poursuit notre spécialiste. « Des essais cliniquesessais cliniques sont en cours pour savoir s'ils peuvent être utilisés chez ces populations. Quoi qu'il en soit, Sanofi Pasteur va produire un vaccin pandémique non-adjuvanté. Si les doses sont suffisantes, ce dernier sera une alternative pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. »

    Qui délivre les Autorisations de mise sur le MarchéAutorisations de mise sur le Marché (AMM) ? « En France, les Autorisations de mise sur le Marché (AMM) sont délivrées par l'Etat ». L'Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) est chargée de cette mission. En revanche, une AMM délivrée par l'Agence européenne du Médicament (EMEA) s'impose à tous les Etats membres de l'Union européenne.

    Est-il possible de se faire vacciner simultanément contre la grippe saisonnière et la grippe Agrippe A (H1N1) ? « Nous n'en avons aucune idée. Des essais cliniques sont d'ailleurs en cours pour vérifier tout cela » conclut Vincent Enous. Mais selon le Bulletin Infovac-France, « le risque théorique d'interférenceinterférence (diminution des réponses immunitaires) est faible pour les vaccins non vivants ».

    De son côté, dans un avis rendu le 7 septembre 2009, le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) insiste sur l'importance de se faire vacciner contre la grippe saisonnière. « La vaccination doit être effectuée le plus tôt possible (...) de manière à éviter au maximum que l'organisation de cette vaccination n'interfère avec la vaccination contre le virus A (H1N1) ». Au ministère en charge de la Santé, on fait savoir que ces vaccins contre la grippe saisonnière « ne sont pas encore disponibles. Nous communiquerons le moment venu sur ce sujet ».