L'épidémiologie de la grippe aviaire à virus H5N1 en Asie pourrait être en train d'évoluer selon les experts de l'Organisation mondiale de la santé réunis à Manille les 6 et 7 mai derniers pour dresser un état des lieux de l'épidémie chez l'homme. Ils évoquent " la possibilité que les virus H5N1 ayant récemment émergés soient plus infectieux pour l'homme " et considèrent que la menace d'une pandémie est " potentiellement croissante ".

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    Depuis fin 2003, 92 adultes et enfants ont été infectés par le virus H5N1virus H5N1 au Vietnam, en Thaïlande et au Cambodge, et 52 sont décédés (soit 57% de mortalité). Si le nombre de personnes touchées reste limité, l'épidémie chez les volailles est considérable en Asie, où plus de 100 millions d'oiseaux ont été abattus depuis fin 2003.

    La crainte de voir le virus H5N1 s'adapter à l'homme et se transmettre facilement dans la population est importante : un tel virus pourrait conduire à une pandémie et provoquer des millions de morts à travers le monde. La consultation internationale récemment organisée par l'OMS à Manille visait précisément à faire le point sur les connaissances actuelles de l'infection à virus H5N1 chez l'homme et à évaluer le risque actuel de pandémie grippale, en vue d'identifier les priorités d'action.

    © CNRS

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    Jusqu'ici, la plupart des cas humains ont été sporadiques (cas isolés), mais des cas d'infections groupées, affectant surtout des membres d'une même famille, sont survenus au Vietnam, en Thaïlande et au Cambodge. Les individus touchés ont la plupart du temps été directement infectés par des volailles contaminées, mais de fortes suspicions de transmission d'homme à homme existent dans certains cas, bien qu'aucun cas de transmission inter-humaine n'ait pu être formellement démontré.

    Des changements du profil de l'épidémie chez l'homme ont été constatés au Vietnam entre janvier et avril 2005, par rapport à la situation observée en 2004 : augmentation du nombre de cas groupés dans le nord du pays comparé au sud, augmentation du délais entre la date d'apparition du premier cas et celle du dernier cas d'un groupe d'infections humaines, mise en évidence d'infections faiblement symptomatiques, plus large éventail dans les âges des individus touchés, et moins de cas mortels.

    Ces constatations suggèrent que l'épidémie est en train d'évoluer en Asie, et que des virus H5N1 émergentsémergents pourraient être plus infectieux pour l'homme.

    Bien que le risque pandémique ne puisse toujours pas être clairement évalué, l'OMS préconise d'augmenter les capacités de réactions à la survenue d'épidémies locales dans les pays aujourd'hui concernés, de renforcer les procédures de contrôle de la grippe aviairegrippe aviaire chez les volailles et de développer ou de compléter dans tous les pays les plans d'actions contre une éventuelle pandémie.