Hier, les autorités indonésiennes ont annoncé que des tests pratiqués sur un homme de 44 ans décédé le 12 juillet dernier montrent qu'il était bien infecté par le virus H5N1 de la grippe aviaire. Lorsque ce nouveau cas sera comptabilisé par l'OMS, l'Indonésie deviendra, avec 42 victimes humaines, le pays le plus touché au monde par la maladie.

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    On se souvient qu'au mois de mai dernier, sur l'île de Sumatra, huit membres d'une même famille avaient été infectés par le virus, et sept en étaient morts. A l'époque, le spectrespectre d'une transmission interhumaine avait survolé le village de Kubu Sembelang. Y avait-il eu mutation ? Le 23 juin dernier, l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé a rendu son rapport d'expertise et, le 12 juillet, la revue Nature a mis en ligne de nouvelles informations à ce sujet...

    Le virus H5N1 a-t-il une capacité à muter plus importante que prévue ? <br />(Crédits : FAO)

    Le virus H5N1 a-t-il une capacité à muter plus importante que prévue ?
    (Crédits : FAO)

    Un premier cas de transmission interhumaine

    Pendant longtemps, des cas de contamination par le virus de la grippe aviaire avaient éveillé des soupçons quant à une éventuelle transmission interhumaine. Mais que ce soit en Thaïlande en septembre 2004 ou au Vietnam en mars 2005, les analyses avaient toujours montré la présence du même virus chez les malades et des volailles, empêchant les chercheurs de déterminer si le vecteur de la contamination des victimes était un homme ou un animal. Il a fallu attendre mai 2006 pour que, pour la première fois, une transmission interhumaine soit avérée.

    Kubu Sembelang, sur l'île de Sumatra, le 29 avril dernier. Un adolescent de 10 ans participe à un barbecue organisé par une femme de 37 ans qui tousse déjà depuis plusieurs jours, a été contaminée par des volailles et a l'habitude de dormir avec plusieurs membres de sa famille. Le 4 mai, cette femme décède d'une détresse respiratoire, puis quatre de ses proches parents - ses deux fils, sa sœur et sa nièce - meurent également de la grippe aviaire. Les analyses indiquent que la souche du H5N1 retrouvée sur les cinq corps est typiquement la même. Cependant, comme lors les cas précédents au Vietnam ou en Thaïlande, et malgré l'absence de contacts étroits et répétés de toutes les victimes avec des volailles domestiques, la transmission interhumaine ne peut être attestée.

    Cependant, les cas du jeune adolescent de 10 ans et de son père, appartenant à la même famille, sortent du lot. En effet, la porteporte-parole de l'OMS Maria Cheng a annoncé le 23 juin dernier que la comparaison du matériel génétiquematériel génétique des virus isolés chez les deux victimes permettait d'aboutir à la conclusion suivante : une mutation intervenue chez le virus du fils a été retrouvée chez son père, témoignant pour la première fois depuis le début de l'épizootieépizootie en 2003 d'une transmission interhumaine. Dans tous les cas, l'Organisation avait qualifié les mutations intervenues de minimes et de « non significatives ».

    Bilan du nombre de cas humains et du nombre de décès, dressé le 24 mars 2006<br />(Crédits : OMS)

    Bilan du nombre de cas humains et du nombre de décès, dressé le 24 mars 2006
    (Crédits : OMS)

    21 mutations…

    Dans son édition en ligne, la revue Nature a révélé le 12 juillet dernier de nouvelles données, jusque là considérées comme confidentielles, qui tendraient à prouver que ces mutations n'étaient en réalité pas si « minimes » que cela. En effet, Nature annonce que, entre le père de l'adolescent de 10 ans et la première victime - la femme de 37 ans, le nombre de mutations repérées était de 21. Un nombre des plus étonnants (si surprenant que certains chercheurs en arrivent même à se demander si le père n'aurait pas pu être contaminé par des volailles plutôt que par son fils), qui pourrait dénoter d'une forte capacité du virus H5N1virus H5N1 à muter. Selon la rédaction de Nature, l'une de ces mutations se manifesterait par une résistancerésistance à la molécule antiviralemolécule antivirale amantadine.

    Interrogée au sujet de ce nouveau rapport, l'OMS maintient sa version officielle et l'aspect « minime » des mutations intervenues sur l'île de Sumatra : « Avant de rendre notre avis, nous avons examiné les aspects génétiques mais aussi cliniques et épidémiologiques. Or, dans ce cas comme dans les précédents NDLRNDLR : en Thaïlande et au Vietnam, le virus a abouti dans un cul de sac. ».

    Il n'empêche que ce rapport de Nature éveille une polémique concernant l'absence de publication par les pays touchés par la grippe aviaire des séquences génétiques des virus retrouvés. En effet, seul un comité restreint de chercheurs et de laboratoires associés à l'OMS a accès à l'ensemble des données.