Alors que les autorités sanitaires mondiales craignent déjà une pandémie de grippe A(H7N9), récemment apparue en Chine, elles s’inquiètent d’autant plus depuis qu’une étude vient de montrer les premiers cas de résistance aux seuls traitements de la grippe, dont le Tamiflu. Rappelons que ce virus a dernièrement été considéré comme l’un des plus dangereux du genre.

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    Vive inquiétude du côté de la Chine. Bien que la grippe A(H7N9) n'ait plus pointé le bout de sa capside depuis trois semaines, les experts ne la considèrent pas encore enterrée et craignent sa résurgence. Le H7N9 est responsable à ce jour de 131 cas et 36 décès, une mortalité très élevée pour un virus de la grippe. Les instances sanitaires redoutent que ces chiffres n'explosent à l'avenir. En effet, les dernières études n'ont rien de rassurant : la grippe A(H7N9) pourrait se transmettre d’Homme à Homme plus facilement qu'on ne le pensait, et surtout, elle deviendrait rapidement résistante aux seuls traitements existants.

    Ces dernières informations sont à lire dans les colonnes de The Lancet. Des chercheurs chinois du Shanghai Medical College of Fudan University viennent de faire état de deux patients chez qui ils ont trouvé une mutation du virus lui permettant de résister à l'oseltamiviroseltamivir (Tamiflu) et au zanamivirzanamivir (Relenza), les deux principaux traitements de la grippe. L'un des deux individus est mort, l'autre se maintient dans un état critique.

    Le virus de la grippe A(H7N9), vu ici sous microscopie électronique à transmission, est capable de muter rapidement et de devenir résistant aux traitements de la grippe. Avec un taux de mortalité de 27,5 % à l'heure actuelle, le risque d'une catastrophe sanitaire mondiale n'est pas si loin. © C. Goldsmith, CDC, DP

    Le virus de la grippe A(H7N9), vu ici sous microscopie électronique à transmission, est capable de muter rapidement et de devenir résistant aux traitements de la grippe. Avec un taux de mortalité de 27,5 % à l'heure actuelle, le risque d'une catastrophe sanitaire mondiale n'est pas si loin. © C. Goldsmith, CDC, DP

    Un virus mutant de la grippe A(H7N9) résiste au Tamiflu

    Cet article porteporte en réalité sur 14 patients de Shanghai, étudiés entre le 4 et le 20 avril dernier. Tous avaient reçu des médicaments antiviraux pendant moins de deux jours avant leur hospitalisation. Ils ont tous développé une pneumonie, mais les symptômes se sont aggravés pour la moitié d'entre eux, présentant un syndromesyndrome de détresse respiratoire aigu. Trois de ces malades, chez qui la charge viralecharge virale ne reculait pas du fait de thérapiesthérapies inefficaces, ont été placés sous assistance respiratoire. Parmi ces patients dans un état grave, deux sont morts, le troisième n'était toujours pas tiré d'affaire au moment de la publication. Pour les autres, en revanche, les quantités de virus diminuaient.

    Chez tous les malades, des échantillons avaient été prélevés pour déterminer la charge virale dans la gorge, le sang, les selles et l'urine. Des traces relevées dans ces derniers laisseraient même penser que le virus de la grippe A(H7N9) pourrait probablement se transmettre par d'autres voies que celles de l'airair...

    En parallèle de ces prélèvements, le génomegénome viral a été séquencé afin de détecter les mutations associées à la résistance. Chez l'une des deux victimes en syndrome de détresse respiratoire aigu, une mutation aboutissant à la substitution d'une lysinelysine par une argininearginine dans la protéineprotéine virale appelée neuraminidaseneuraminidase, est apparue sept jours après le début des traitements. Elle a également été détectée chez le patient toujours dans un état critique, cette fois quatre jours après avoir été placé sous oseltamivir. L'apparition de la mutation chez le virus coïncide avec l'augmentation de la charge virale chez les patients et la dégradation de leur état clinique.

    Un manque de traitement efficace si l’épidémie de grippe reprend

    Les scientifiques à l'origine de cette étude font part de leur inquiétude, et sont surpris par la vitessevitesse à laquelle le pathogènepathogène peut échapper aux traitements. Les auteurs appellent donc à une vigilance extrême et à un contrôle minutieux de l'évolution de la situation.

    Que faire si l'épidémieépidémie reprend de plus belle et que les médicaments s'avèrent inefficaces chez bon nombre de patients ? La piste de la vaccination est actuellement suivie de près. Mais en cas de recrudescence majeure du virus de la grippe A(H7N9), les experts doutent que le médicament préventif soit prêt à temps. Une course contre la montre semble donc en train de s'engager...