Des chercheurs ont identifié un gène protecteur des cancers colorectaux. Ce gène, appelé DCC, induit un message d'autodestruction des cellules cancéreuses. Des souris génétiquement modifiées, porteuses d'une mutation sur ce gène, ont toutes développé des tumeurs colorectales. Une piste dans la recherche de nouveaux traitements anticancer.

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    L'action des récepteurs à dépendance dans le mécanisme de l'apoptose. © Inserm/Disc

    L'action des récepteurs à dépendance dans le mécanisme de l'apoptose. © Inserm/Disc

    L'équipe de Patrick Mehlen, du centre de Recherche en cancérologiecancérologie de Lyon (CRCL, Inserm/CNRS/Centre Léon Bérard/Université Claude BernardClaude Bernard Lyon 1) vient de démontrer qu'un gène (nommé DCC pour Deleted ColorectalColorectal Cancer) protège contre le développement de tumeurs colorectales, en induisant la mort des cellules cancéreuses. Les chercheurs lyonnais ont mis au point un modèle animal porteur d'une mutation sur le gène DCC. Les souris porteuses de la mutation développent des tumeurs car ce gène ne peut plus induire la mort des cellules cancéreuses. Cette découverte pourrait aboutir plus largement à la mise au point d'un nouveau traitement anticancéreux ciblé visant à réactiver la mort des cellules cancéreuses.

    Les résultats de cette étude sont publiés dans une lettre de la revue Nature datée du 11 décembre 2011.

    L'apoptose, clé des traitements contre le cancer

    L'équipe de Patrick Mehlen étudie le processus de mort cellulaire - apoptose - et plus particulièrement le mécanisme qui permet aux cellules de comprendre qu'elles doivent s'engager dans un processus d'autodestruction lorsqu'elles deviennent anormales. Les chercheurs ont proposé que ce mécanisme passe par des sentinelles localisées à la surface des cellules et qui scrutent leur environnement. L'équipe a nommé ces sentinelles des « récepteurs à dépendance ».

    Les chercheurs se sont penchés sur le concept de ces récepteurs à dépendance. Dans le cas où un récepteur cellulaire est associé à son ligandligand, le message classique indique que tout va bien et conduit à la survie de la cellule. En revanche, lorsque le récepteur est privé de son ligand, il peut envoyer un message qui conduit à la mort de la cellule. Appliqué à la recherche contre le cancer, l'absence de ligand pourrait induire la mort de cellules cancéreuses qui prolifèrent de manière anarchique.

    En modifiant le gène DCC sur des souris, des tumeurs colorectales sont apparues, démontrant le rôle de protection de ce gène contre les cancers. © jepoirrier, Flickr CC by-sa 2.0

    En modifiant le gène DCC sur des souris, des tumeurs colorectales sont apparues, démontrant le rôle de protection de ce gène contre les cancers. © jepoirrier, Flickr CC by-sa 2.0

    Le gène DCC, interrupteur pour les cellules cancéreuses

    Dans cette étude, l'équipe de Patrick Mehlen montre que le gène DCC, qui code pour un récepteur à dépendance, protège l'organisme de l'apparition de cancer en provoquant la mort des cellules qui deviennent cancéreuses. Les chercheurs ont utilisé un modèle de souris où le gène DCC est génétiquement modifié. La mutation de ce récepteur à dépendance empêche l'induction de l'apoptose. Lorsque que le gène DCC est éteint par mutation, la souris développe spontanément des cancers du côlon.

    « L'organisme est naturellement protégé du développement de cancers grâce à la présence de ce gène suppresseur de tumeur. Malheureusement, certaines cellules cancéreuses échappent à ce contrôle en bloquant ce mécanisme de récepteurs à dépendance. On sait ainsi que le gène DCC est éteint dans la majorité des cancers chez l'Homme », explique Patrick Mehlen.

    Le travail des chercheurs pourrait déboucher dans un futur proche sur un nouveau traitement ciblé visant à réactiver la mort des cellules cancéreuses pour détruire les cancers, tels que le cancer du sein, du poumon... « Notre groupe a d'ailleurs développé plusieurs candidats médicaments qui réactivent la mort cellulaire induite par le récepteur DCC dans des modèles animaux et nous espérons être capables de tester ces candidats médicaments en essai cliniqueessai clinique chez l'Homme d'ici 3 ans », conclut Patrick Mehlen.