Les fauteuils roulants intelligents du projet européen Sysiass, déjà présentés dans nos pages, visent à faciliter les déplacements des personnes handicapées ou âgées et à leur apporter plus d'autonomie. Qu'en est-il concrètement ? Réponse avec Bruno Guillon, l'un des responsables d'une unité spécialisée dans le choix des fauteuils roulants, qui démarre des tests. 

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    Parmi les fauteuils les plus évolués, le Wedge est un scooter à quatre roues prévu pour une utilisation mixte. Il peut circuler à l'extérieur en terrain aménagé et à l'intérieur du fait de sa relative compacité. Il coûte 2.400 euros hors taxe. © Dupont Medical

    Parmi les fauteuils les plus évolués, le Wedge est un scooter à quatre roues prévu pour une utilisation mixte. Il peut circuler à l'extérieur en terrain aménagé et à l'intérieur du fait de sa relative compacité. Il coûte 2.400 euros hors taxe. © Dupont Medical

    Bardés de capteurscapteurs et équipés de logicielslogiciels facilitant la navigation, les fauteuils roulants intelligents du projet européen Syssias rassemblent un grand nombre d'innovations. La conception a réuni de nombreux partenaires, de l'informatique aux professionnels de la santé.

    Aujourd'hui, l'heure est aux tests en grandeur nature, auxquels participe la Fondation Garches. Au sein de l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, cette unité est notamment spécialisée dans l'aide au choix de fauteuils roulants avec 200 modèles qui ont été mis à disposition par les fabricants. Bruno Guillon, l'un des responsables de cette unité, a répondu aux questions de Futura-Sciences.


    Vidéo exclusive de la première version du prototype du fauteuil roulant électrique, filmé en septembre 2011. © Sysiass

    Futura-Sciences : Vous allez bientôt mettre en place un protocoleprotocole clinique pour évaluer le prototype de fauteuil intelligent. Qu'en attendez-vous ?

    Bruno Guillon : J'en attends beaucoup car il s'agit du premier test clinique réalisé en conditions réelles. Jusqu'en mars, nous allons travailler avec 30 personnes dont 10 sont lourdement handicapées. Ce système d'assistance à la conduite est une avancée majeure mais beaucoup plus compliquée qu'elle ne le laisse paraître. Avec l'un de nos mécènes qui est un grand équipementier, nous avions nous-mêmes commencé à plancherplancher sur un système de détection des obstacles il y a trois ans de cela. Mais je dois dire que les deux grands fabricants d'électronique dédiée à la conduite des fauteuils ne nous ont pas assez aidés en refusant notamment de livrer leur code sourcecode source afin de nous permettre de travailler l'interfaçage entre leurs produits et nos capteurs. C'est un marché fermé et tous ceux qui ont voulu développer leur propre électronique ont eu de gros soucis. Les choses ont vraiment bougé grâce à l'ISEN qui a développé sa propre technologie. Le but est de montrer aux industriels du secteur que le système est viable afin de les inciter à envisager sa production en série.
     

    Futura-Sciences : Quel sera le coût d’une telle installation ?

    Bruno Guillon : Nous l'ignorons encore. Mais ce que je peux vous dire, c'est que la majorité des utilisateurs de fauteuils roulants ont peu de moyens et sont tributaires des aides publiques pour l'acquisition de ce matériel [selon le rapport Poletti, un fauteuil coûte entre 2.700 et 4.000 euros pour des modèles de base, 8.000 à 10.000 euros pour des modèles évolués et jusqu'à 30.000 euros pour des fauteuils de myopathes, NDLRNDLR]. Idéalement, il faudrait que le kit ne dépasse pas les 500 euros.
     

    Futura-Sciences : Le projet Syssias répond-il de façon satisfaisante aux évolutions souhaitables et attendues par les personnes handicapées en fauteuil ?

    Bruno Guillon : Il y a encore beaucoup de travail pour arriver à un résultat abouti. Le projet Syssias est très ambitieux. Il faut dire que le potentiel de ces innovations est très vaste car il va au-delà de la population des personnes handicapées. Je pense aux personnes âgées à mobilité réduite, dont le nombre ne va cesser de croître. Il faudra pouvoir leur proposer des équipements intelligents susceptibles de maintenir leur autonomieautonomie le plus longtemps possible.