Une enquête de l’Inserm révèle que les personnes pensant que le stress peut se révéler néfaste pour leur santé ont parfois raison. Elles ont en effet au moins deux fois plus de risques d’être victimes d’une crise cardiaque.

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    Le stress est reconnu aujourd'hui comme un problème de santé majeur. Face à une situation jugée stressante, plusieurs symptômes physiquesphysiques, émotionnels ou comportementaux peuvent apparaître (angoisses, difficultés de concentration, problèmes cutanéscutanésmigraines, etc.). Plusieurs études, et particulièrement les plus récentes menées au sein de la cohorte Withehall II, composée de plusieurs milliers de fonctionnaires britanniques, ont déjà montré que les modifications physiologiques associées au stress peuvent avoir un effet néfaste sur la santé.

    L'équipe d'Hermann Nabi, chercheur Inserm au sein du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), est allée plus loin. Elle s'est intéressée aux personnes déclarant être stressées pour voir plus précisément s'il existait une association entre leur ressenti et la survenue quelques années plus tard d'une maladie coronarienne.

    Le stress, c’est mauvais pour la santé

    À partir d'un questionnaire établi dans le cadre de la cohorte Withehall II, les 7.268 participants étaient invités à répondre à la question suivante : « Dans quelle mesure estimez-vous que le stress ou la pressionpression que vous avez vécu dans votre vie a une incidence sur votre santé ? ». Ils avaient quatre choix de réponses : pas du tout, peu, moyennement, beaucoup ou extrêmement.

    Les participants ont également été interrogés sur leur perception de leur niveau de stress, ainsi que sur d'autres facteurs pouvant influer sur leur état de santé, comme le tabagisme, la consommation d'alcoolalcool, l'alimentation et les niveaux d'activité physique. La pression artérielle, le diabète, l'indice de masse corporelleindice de masse corporelle et les données sociodémographiques, tels que l'état civil, l'âge, le sexe, l'origine ethnique et le statut socioéconomique, ont également été pris en compte.

    Le stress peut provoquer une maladie au niveau des artères coronaires, les vaisseaux qui alimentent le cœur en sang. Dans ce cas, il peut déclencher une crise cardiaque. © <em>Gordon Museum</em>, <em>Wellcome Images</em>, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le stress peut provoquer une maladie au niveau des artères coronaires, les vaisseaux qui alimentent le cœur en sang. Dans ce cas, il peut déclencher une crise cardiaque. © Gordon Museum, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Davantage de risques de faire une crise cardiaque

    D'après les résultats parus dans European Heart Journal, les individus ayant rapporté, au début de l'étude, que leur santé était « beaucoup ou extrêmement » affectée par le stress avait plus du double du risque (2,12 fois plus élevé) d'avoir ou de mourir d'une crise cardiaque, par rapport à ceux qui n'avaient signalé aucun effet du stress sur leur santé.

    D'un point de vue clinique, ces résultats suggèrent que la perception qu'ont les patients de l'impact du stress sur leur santé peut être très précise, dans la mesure où elle prédit un événement de santé aussi grave et fréquent que la maladie coronarienne.

    De plus, cette étude révèle également que cette association n'est pas influencée par des différences liées aux facteurs biologiques, comportementaux ou psychologiques entre les individus. En revanche, les capacités à faire face au stress diffèrent grandement entre les individus, en fonction des ressources à leur disposition, comme le soutien de l'entourage.

    Écouter les gens qui se disent stressés pour mieux les sauver

    Selon Hermann Nabi, « le message principal est que les plaintes des patients concernant l'impact du stress sur leur santé ne devraient pas être ignorées en milieu clinique, car elles peuvent indiquer un risque accru de développer une maladie coronarienne ou d'en mourir. Les futures études de stress devraient inclure les perceptions des patients sur l'impact du stress sur leur santé »

    À l'avenir, comme le souligne le chercheur, « des essais seront nécessaires pour déterminer si le risque de maladie peut être réduit en augmentant l'attention clinique portée à celles et ceux qui se plaignent d'un effet du stress sur leur santé ».