La vaste étude Interphone, qui a passé au crible des milliers de cas de tumeurs du cerveau dans treize pays, touche à sa fin. Les premières conclusions semblent indiquer un risque notablement accru de développer certains cancers, particulièrement le gliome, chez les utilisateurs intensifs. Les résultats définitifs, qui exigent encore des études statistiques, seront annoncés en 2009.

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    Du Canada au Japon, l'étude Interphone s'est étendue sur treize pays. © Edward B. / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Du Canada au Japon, l'étude Interphone s'est étendue sur treize pays. © Edward B. / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Lancée en 1999 et coordonnée par l'unité de recherche sur les rayonnements du Centre International de Recherche sur les Cancers (CIRC), sous la direction d'Elisabeth Cardis, l'étude épidémiologique InterphoneInterphone est la plus vaste investigation effectuée sur le danger potentiel de l'utilisation d'un téléphone mobilemobile. Alors que les effets biologiques des ondes radio restent toujours mal compris, l'approche épidémiologique s'impose pour mettre en évidence un impact éventuel sur la santé. Pour l'instant, celles qui ont été réalisées n'ont pas démontré d'effet indiscutable.

    L'étude Interphone s'est intéressée à des cas de tumeurs au cerveau, puisque c'est là que l'on imagine le risque le plus élevé, et chacune des personnes concernées s'est vue proposer de répondre à un questionnaire sur son usage du téléphone portable. En tout, treize pays ont participé (Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Finlande, France, Israël, Italie, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Suède).  Les chercheurs ont pu considérer 2.600 gliomes, 2.300 méningiomes, 1.100 neurinomesneurinomes de l'acoustique, 400 tumeurs de la glande parotide ainsi que près 7.700 personnes représentant des contrôles (le protocole d'Interphone a été publié dans une revue scientifique).

    Attention aux biais

    Le dépouillement des résultats est long et complexe car il doit éviter de nombreux biais. Par exemple, certains patients ont refusé de répondre. C'est ce que les statisticiens appellent un biais de sélection. Les modes de vie peuvent aussi jouer un tour aux scientifiques. On peut penser en effet que les accros du portable n'ont pas les mêmes habitudes que les adeptes d'une existence monacale. C'est d'ailleurs pourquoi la taille de l'échantillon et sa répartition sur plusieurs pays sont si importantes. A l'inverse, la latéralisation de la tumeur, du côté ou non de la main qui porteporte habituellement le téléphone, constitue un indice précieux pour les chercheurs.

    Les premiers éléments de ce travail très attendu viennent d'être diffusés. Ils plaident pour un risque notablement accru de développer une tumeur chez les utilisateurs réguliers. Le cas le plus net semble être celui du gliome. Ce cancer rare touche les cellules glialescellules gliales du cerveau, c'est-à-dire celles qui entourent les neuronesneurones et dont on pense qu'elles les soutiennent. Le risque serait plus élevé chez les personnes utilisant un portable depuis plus de dix ans, avec des taux très importants, de 60 % dans les pays scandinaves, de près de 100 % en France et de 120 % en Allemagne. Pour le méningiome et le neurinome de l'acoustique, les chiffres semblent indiquer la même tendance mais sont bien moins nets.

    Ces résultats ne sont pas du tout définitifs. L'analyse complète sera présentée en 2009. En l'état actuel, il s'agit tout de même de la première étude montrant un effet possible et néfaste...