Pour les millions de personnes touchées par l’eczéma dans le monde, la seule chose plus pénible que la maladie elle-même est probablement de ne pas en connaître les causes. Des chercheurs américains viennent d’incriminer le staphylocoque doré, une bactérie fréquemment rencontrée sur la peau, et pouvant dans certains cas devenir très dangereuse. Cette découverte pourrait conduire au développement de traitements plus adaptés.

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    La dermatite atopique, plus communément appelée eczéma atopiqueeczéma atopique, est une maladie de peau provoquant d'importantes démangeaisons. Elle débute le plus souvent vers l'âge de 3 mois et touche 15 % des jeunes enfants en France. Dans certains pays européens, ce chiffre pourrait même atteindre les 20 à 30 %. Heureusement, la dermatose disparaît la plupart du temps à l'âge adulte, même si environ 18 % des malades continuent de vivre avec ce handicap après l'enfance.

    La maladie se caractérise par l'apparition de rougeurs, de fines vésicules et de squames sur l'épiderme. Elle frappe plus particulièrement les personnes prédisposées génétiquement à développer des allergies, qui sont dites « atopiques ». Ces dernières possèdent dans leur sang une grande quantité d'immunoglobulines E (IgEIgE), des anticorps qui participent au développement d'une inflammation. Les IgE peuvent en effet se fixer sur les mastocytes, des cellules immunitaires qui siègent au niveau de la peau et des muqueuses, et induire leur dégranulation, c'est-à-dire la libération excessive de moléculesmolécules inflammatoires comme l'histamine.

    <em>Staphylococcus aureus</em> est une bactérie présente naturellement chez environ 20 à 30 % des individus. Elle produit une toxine qui pourrait déclencher une inflammation et être à l'origine de l'eczéma. © NIAID, Flickr, cc by 2.0

    Staphylococcus aureus est une bactérie présente naturellement chez environ 20 à 30 % des individus. Elle produit une toxine qui pourrait déclencher une inflammation et être à l'origine de l'eczéma. © NIAID, Flickr, cc by 2.0

    Malgré les nombreuses recherches réalisées sur le sujet, l'origine de l’eczéma est encore mystérieuse. Des chercheurs de l'université du Michigan sont sur une piste intéressante. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature, incriminent la bactériebactérie Staphylococcus aureusStaphylococcus aureus (le staphylocoque doré). Selon eux, ce pathogènepathogène produirait une toxinetoxine capable d'induire une réponse immunitaireréponse immunitaire excessive et de déclencher des poussées d’eczéma.

    Une toxine de staphylocoque responsable de l’inflammation

    Comme souvent dans la recherche, l'étude a débuté par une simple observation. Les auteurs se sont rendu compte que 90 % des patients souffrant d'eczéma atopique étaient porteurs du staphylocoque doré. Par comparaison, cette bactérie est uniquement présente chez 20 à 30 % des personnes saines. Face à ce constat, les chercheurs se sont interrogés sur le lien entre le pathogène et le développement de la maladie. Ils ont alors mis en évidence une toxine, la toxine deltadelta, capable de déclencher la dégranulation des mastocytes.

    Les scientifiques ont également montré que la présence de la toxine delta entraînait des symptômessymptômes de type eczéma chez la souris. « Ces résultats mettent en lumièrelumière le lien entre la présence du staphylocoque doré sur la peau et le développement de l'eczéma chez la souris », explique Gabriel Nuñez, le directeur de l'étude. Son équipe est maintenant sur le point d'analyser plus en détail cette association chez l'Homme.

    Cette étude ouvre la voie vers un tout nouveau type de traitement contre l’eczéma. Certains médecins et patients ont rapporté une diminution des symptômes de la maladie avec la prise d'antibiotiquesantibiotiques, ce qui vient conforter les résultats. Cependant, un traitement sur le long terme par antibiothérapie semble peu raisonnable, en particulier à cause de la multirésistance du staphylocoque doré. C'est pourquoi les scientifiques envisagent plutôt la mise en place d'une stratégie pour empêcher l'action de la toxine delta, afin de limiter les risques d'inflammation sans entraîner de problème de résistancerésistance. Ils pourraient, par exemple, bloquer le récepteur de la toxine sur les mastocytes. De nombreuses études sont encore nécessaires pour parvenir au remède miracle et pour mieux comprendre les liens entre les IgE, la toxine delta et l'inflammation.