Pourrait-on voir arriver le premier traitement contre le virus Ébola ? Un cocktail d’anticorps vient de révéler son pouvoir contre la terrible fièvre hémorragique mortelle dans 90 % des cas. Injecté une heure avant l’infection, il a même sauvé tous les singes de l'expérience !

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    Le virus Ébola doit son nom à la rivière homonyme qui traverse la République démocratique du Congo et inonde les alentours de Yakumbu, ville où a été identifié le filovirus contre lequel des Américains développeront peut-être un traitement. © Frederick Murphy, CDC, DP

    Le virus Ébola doit son nom à la rivière homonyme qui traverse la République démocratique du Congo et inonde les alentours de Yakumbu, ville où a été identifié le filovirus contre lequel des Américains développeront peut-être un traitement. © Frederick Murphy, CDC, DP

    Comment est apparu le virus Ébola ? Le mystère sur son origine reste entier. Une chose est sûre en revanche, c'est que depuis 1976, le filovirus revient sporadiquement à la charge, causant des épidémies contenues mais meurtrières en Afrique centrale. D'après les données relevées par l'OMS, il aurait fait, avant la dernière épidémie de cet été en Ouganda et en République démocratique du Congo, 1.540 morts pour 2.299 personnes contaminées, soit une mortalité de 67 % ! Lors de certaines contagions, il a tué entre 80 et 90 % des individus qu'il contaminait.

    Cette terrible menace est d'autant plus redoutable que pour l'heure il n'existe aucun traitement contre la fièvre hémorragique qu'il induit. Cela en fait même une arme bioterroriste potentielle, alertant évidemment les autorités nationales et internationales.

    C'est pourquoi depuis plus de 10 ans le gouvernement américain s'implique dans la recherche de traitements contre le virus Ébola. Des efforts payants puisqu'en partenariat avec l'industrie, l'US Army Medical Research Institute of Infectious Disesases (USAMRIID) vient de révéler qu'un cocktail d'anticorps monoclonaux, appelé MB-003, représentait une solution préventive crédible face à la menace virale.

    Les anticorps monoclonaux sont conçus artificiellement pour cibler le même fragment (épitope) d'un antigène et sont issus d'une même lignée de cellules, elle-même descendant d'une seule et même cellule souche. Ils peuvent même atténuer le virus Ébola au point d'entraver sa mortalité. © Anna Tanczos, Wellcome images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les anticorps monoclonaux sont conçus artificiellement pour cibler le même fragment (épitope) d'un antigène et sont issus d'une même lignée de cellules, elle-même descendant d'une seule et même cellule souche. Ils peuvent même atténuer le virus Ébola au point d'entraver sa mortalité. © Anna Tanczos, Wellcome images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des macaques survivent au virus Ébola

    Le produit a d'abord été conçu pour la souris, mais après transformation il a été testé chez des macaques rhésusmacaques rhésus (Macaca mulatta). Administré une heure avant l'infection, MB-003 a sauvé la vie de tous les singes. Ses effets protecteurs se dissipent peu à peu dans le temps mais persistent au moins deux jours, car une contaminationcontamination intervenant 48 heures après injection du médicament ne s'est pas révélée mortelle pour quatre des six primatesprimates traités (67 %), quand dans le même temps les deux macaques témoins n'ont pas survécu.

    C'est jusque-là une première car aucun traitement à base d'anticorps monoclonaux n'avait encore réussi à prouver une quelconque efficacité contre le terrible ÉbolavirusÉbolavirus. Selon les auteurs, il est même rare de le voir toujours aussi efficace deux jours après l'infection. Un enthousiasme qu'il faut malgré tout modérer en rappelant que ce test a été effectué uniquement sur six individus, ce qui limite fortement la pertinence statistique.

    Un médicament préventif crédible ?

    Qu'à cela ne tienne, les scientifiques investissent dans cette voie. Ils s'équipent d'instruments modernes pour produire MB-003 en massemasse. Dans leur étude, publiée dans Pnas, ils ont également testé le meilleur moyen de fabriquer par millions les anticorps monoclonaux en comparant la capacité de production de cellules de hamster ou de tabac. Il s'avère que la plante constitue une meilleure usine que le mammifèremammifère. Ainsi, ils développent un système entièrement automatisé en mesure de fournir suffisamment de doses en cas d'épidémie, dans un délai de deux semaines.

    En parallèle, les auteurs chercheront à mieux saisir le réel pouvoir thérapeutique de leur médicament et tenteront, pourquoi pas, de l'améliorer encore. Si tout se passe comme ils le souhaitent, des essais cliniques pourraient être entrepris prochainement.