Des chercheurs viennent d'annoncer avoir développé une rate artificielle externe capable de nettoyer le sang d'agents pathogènes avec de microscopiques aimants, ce qui constitue la promesse d'un nouveau traitement contre la septicémie ou des maladies infectieuses comme Ébola.

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    Des nanobilles magnétiques recouvertes de protéine MBL se fixent à une bactérie (colorée en bleu) de type Escherichia coli sur cette image prise au microscope électronique. On peut se servir de ce phénomène pour faire une sorte de dialyse qui va collecter magnétiquement les nanobilles et ainsi retirer du sang une grande partie des bactéries auxquelles elles sont collées. © Harvard's Wyss Institute

    Des nanobilles magnétiques recouvertes de protéine MBL se fixent à une bactérie (colorée en bleu) de type Escherichia coli sur cette image prise au microscope électronique. On peut se servir de ce phénomène pour faire une sorte de dialyse qui va collecter magnétiquement les nanobilles et ainsi retirer du sang une grande partie des bactéries auxquelles elles sont collées. © Harvard's Wyss Institute

    Une invention mise au point par des chercheurs américains est destinée à traiter les infections du sang qui touchent 18 millions de personnes dans le monde chaque année avec un pourcentage de décès de 30 % à 50 %. Les microbesmicrobes qui en sont la cause sont souvent résistants aux antibiotiques.

    L'appareil qui imite la rate a pour l'instant été testé chez le rat, pas encore chez l'Homme. Il utilise des billes magnétiques nanoscopiques (moins d'un millième de millimètre) recouvertes d'une protéine sanguine humaine conçue génétiquement, appelée MBL. La protéine MBL se lie aux agents pathogènes et aux toxines, qui peuvent alors être extraits du sang grâce aux nanobilles magnétiques qui se comportent comme de minuscules aimantsaimants. Une fois nettoyé, le sang est réintroduit dans l'organisme sans que sa composition ou sa coagulationcoagulation soient modifiées.

    Après avoir infecté les rats avec deux bactériesbactéries -- le staphylocoque doréstaphylocoque doré et Escherichia coli --, les chercheurs ont réussi à retirer 90 % des cellules bactériennes contenues dans le sang des rongeursrongeurs grâce à leur invention. En outre, ils ont injecté au cours de l'expérience une dose létale d'endotoxineendotoxine (une toxine située dans la membrane externe de certaines bactéries), et ont réussi grâce à leur méthode à améliorer de façon significative la survie des animaux.

    Une vue au microscope électronique de trois bactéries du staphylocoque doré (colorées en jaune) entourées de nanobilles magnétiques. © Harvard's Wyss Institute<br />

    Une vue au microscope électronique de trois bactéries du staphylocoque doré (colorées en jaune) entourées de nanobilles magnétiques. © Harvard's Wyss Institute

    La nanomédecine magnétique contre Ébola et le Sida ?

    Si l'appareil s'avère aussi efficace et sûr chez l'Homme, il pourrait permettre de nettoyer physiquement le sang en enlevant une grande variété d'agents pathogènes ou de toxines, a indiqué à l'AFP Donald Ingber, l'un des auteurs de l'étude publiée dans la revue Nature Medicine. Le traitement pourrait être mené avant même que l'agent pathogène n'ait été formellement identifié et que le traitement antibiotique optimal n'ait été choisi.

    Ingber n'exclut pas que le traitement puisse un jour être utile dans le traitement de malades atteints d'ÉbolaÉbola dans la mesure ou la protéine MBL passe pour être capable de se lier avec le virusvirus à l'origine de cette fièvrefièvre hémorragique. La protéine pourrait également se lier au VIHVIH, le virus du Sida, et au virus de Marburg, à l'origine d'une autre fièvre hémorragique, similaire à Ébola. Mais il reconnaît qu'il faudra encore des années d'expérimentation chez des animaux plus gros et chez l'être humain avant qu'il soit approuvé.