Entre le 12 juin et 13 juillet 2014, le Brésil accueillera la vingtième Coupe du monde de football. Environ 500.000 supporters sont attendus (dont une partie pour encourager les Bleus). Mais attention, les épidémies de dengue pourraient encore être assez importantes dans trois des villes hôtes.

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    Franck Ribéry, encore en course pour un Ballon d'or, va figurer parmi les plus grandes stars de cette Coupe du monde de football, et devrait constituer l'une des principales armes de l'équipe de France. Mais attention à ne pas attraper la dengue ! © football.ua, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Franck Ribéry, encore en course pour un Ballon d'or, va figurer parmi les plus grandes stars de cette Coupe du monde de football, et devrait constituer l'une des principales armes de l'équipe de France. Mais attention à ne pas attraper la dengue ! © football.ua, Wikipédia, cc by sa 3.0

    19 novembre 2013, vers 22 h 50. L'arbitre slovène Damir Smokina siffle la fin d'un match haletant qui voit l'équipe de France de football finalement obtenir son ticket pour la Coupe du monde, qui se tiendra entre le 12 juin et le 13 juillet 2014 au Brésil. Les supporters exultent. Ils iront donc encourager leurs troupes, comme le feront les fans des 31 autres nations représentées lors de cette compétition, qui se défieront dans l'enceinte de 12 stades répartis dans autant de villes. Les organisateurs vont mettre en vente 3,3 millions de billets et s'attendent à la venue d'environ 500.000 personnes. Pas étonnant, le tournoi constitue l'un des événements les plus suivis au monde.

    Une telle audience n'est pas sans inquiéter Simon Hay, spécialiste des maladies infectieuses à l'université d’Oxford. Car le plus grand pays d'Amérique du Sud lutte chaque année contre une épidémie de dengue, une maladie virale transmise par un moustique du genre Aedes, parfois sévère (et même mortelle), contre laquelle il n'existe aucun traitement ni vaccin pleinement efficace.

    Avec ses collègues, il s'est intéressé aux risques auxquels pourraient faire face les voyageurs. Les résultats, publiés dans Nature, suggèrent que trois des villes hôtes auront probablement tout juste passé le pic épidémique, et que l'incidence pourrait encore être élevée au moment de la compétition.

    Supporters, ne devenez pas dengue du football

    Les chercheurs ont examiné les cartes de la distribution de la dengue au Brésil et les variations saisonnières constatées. Ils ont ainsi établi une moyenne du nombre de cas mois par mois dans les régions stratégiques. Si pour l'essentiel des villes, le gros de l'épidémie sera passé au moment du coup d'envoi de la Coupe du monde de football (ce qui est de bon augure pour les Jeux olympiques de Rio en 2016), Fortaleza, Natal et Salvador, situées dans la partie nord-est du pays, ne seront peut-être pas loin de leur pic épidémique. Il faut encore attendre le 6 décembre et le tirage au sort pour savoir quelles équipes seront concernées, mais on sait qu'environ la moitié d'entre elles seront amenées à transiter dans l'un de ces trois territoires.

    Le moustique-tigre <em>Aedes albopictus</em> constitue l'un des principaux moustiques vecteurs de la dengue. Surtout ne pas les laisser s'approcher au Brésil. © James Gathany, CDC, DP

    Le moustique-tigre Aedes albopictus constitue l'un des principaux moustiques vecteurs de la dengue. Surtout ne pas les laisser s'approcher au Brésil. © James Gathany, CDC, DP

    Mais la dengue, c'est un peu comme la météo : on ne peut la prévoir des mois à l'avance. Les auteurs invitent juste les organisateurs à communiquer sur le sujet et aux autorités sanitaires à prendre les mesures nécessaires, de manière à ce que les supporters et les joueurs puissent se préserver. Les villes concernées peuvent par exemple disperser les moustiques à l'aide d'aérosolsaérosols et d'insecticidesinsecticides, ou bien détruire un maximum de réservoirs d'eau stagnante, dans lesquels se développent les larveslarves, de manière à limiter le nombre d'insectesinsectes.

    Prendre les précautions qui s’imposent

    À l'échelle individuelle, il est conseillé de vivre dans des pièces fermées et climatisées, de se couvrir les bras et les jambes dans les périodes où les moustiquesmoustiques sont les plus actifs (tôt le matin et tard dans l'après-midi), recourir aux insecticides et se badigeonner de répulsif. Il est clair qu'un joueur tombant malade n'entrera pas sur le terrain, tant la fièvre est forte et tout mouvementmouvement douloureux. La seule chose à faire est de rester allongé et d'attendre que le mal passe.

    Les chercheurs craignent aussi pour la population locale. Ils envisagent qu'un nouveau variant viral puisse être importé (bien malgré eux) par des supporters, ce qui pourrait déboucher sur une nouvelle épidémie, les habitants n'étant pas immunisés. Dans le texte, Simon Hay précise qu'il ne veut dissuader personne de venir. Il invite juste chacun à prendre les précautions qui s'imposent.

    Il y voit là l'occasion de tester les nouveaux systèmes d'informations sanitaires. Non sans l'humour qui caractérise les Britanniques, le scientifique conclut son article sérieux par un post-scriptum, profitant de l'occasion pour encourager son pays, l'Angleterre. Car les scientifiques aussi peuvent être des supporters.