Il existe plus de 100 types de papillomavirus humains (VPH). Huit d’entre eux seraient impliqués dans 90 % des cancers du col de l’utérus. D’autres, en revanche, pourraient empêcher ces tumeurs de se développer. C’est le constat que viennent de faire des chercheurs britanniques.

au sommaire


    Le papillomavirus est un virus à ADN responsable des infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes. Parfois, il passe inaperçu ; d'autres fois, il occasionne des verrues génitales, ou entraîne un cancer du col de l'utérus dans certains cas. © AJC1, Flickr, cc by nc 2.0

    Le papillomavirus est un virus à ADN responsable des infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes. Parfois, il passe inaperçu ; d'autres fois, il occasionne des verrues génitales, ou entraîne un cancer du col de l'utérus dans certains cas. © AJC1, Flickr, cc by nc 2.0

    Le papillomavirus n'a pas bonne presse. Et pour cause, ses variants 16 et 18 seraient à eux seuls responsables de 70 % des cancers du col de l'utérus. Ainsi, une politique de vaccination a été mise en place pour protéger les jeunes filles avant leur premier rapport sexuel.

    Pourtant, ce virus existe sous plus de 100 formes différentes. Et d'après une recherche publiée par des scientifiques de l'université de Manchester, au moins l'une d'entre elles pourrait préserver les femmes du développement de la tumeur utérine. Le détail de l'expérience est dévoilé dans The Open Virology Journal.

    Cette étude a été menée auprès de femmes kényanes. Là-bas, le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent, et représente entre 18 et 23 % des cancers diagnostiqués. De plus, le VIH, le virus du SidaSida, y est bien plus souvent rencontré qu'en Europe. Or, il a été clairement démontré que les personnes séropositivesséropositives présentent bien plus de formes du VPHVPH. Statistiquement donc, les femmes infectées par le VIH devraient présenter le cancer du col utérin plus fréquemment que les séronégatives. Pourtant, une recherche passée a montré le contraire.

    Le papillomavirus humain (ici vu au microscope électronique à transmission) se présente sous plus de 100 voire 200 génotypes différents. Certains sont nocifs quand d'autres, en revanche, pourraient se révéler bénéfiques contre le cancer du col de l'utérus. © NIH, Wikipédia, DP

    Le papillomavirus humain (ici vu au microscope électronique à transmission) se présente sous plus de 100 voire 200 génotypes différents. Certains sont nocifs quand d'autres, en revanche, pourraient se révéler bénéfiques contre le cancer du col de l'utérus. © NIH, Wikipédia, DP

    Le papillomavirus humain 53, protecteur de tumeurs

    Les scientifiques mancuniens ont donc entrepris d'effectuer des frottisfrottis de l'utérus afin de déterminer les populations de VPH. Les analyses montrent que la forme VPH 53 se retrouve bien plus souvent chez les femmes séropositives que chez les séronégatives. En revanche, jamais elle n'a été retrouvée dans les cellules tumorales utérines.

    Les auteurs en arrivent donc à la supposition suivante. Lorsque les types de papillomavirus à haut risque (comme VPH 16 ou 18) sont présents seuls, le cancer a de fortes chances de se développer vite. En revanche, quand des formes protectrices, comme VPH 53, sont également retrouvées dans l'utérus, alors la progression de la tumeur est stoppée. La variabilité favorise aussi la protection. Ainsi, ils expliquent pourquoi les femmes séropositives sont moins enclines à déclarer ce genre de cancer.

    Cependant, ce travail est encore préliminaire, et demande vérification auprès d'un panel plus large. Il faut aussi déterminer par quels moyens VPH 53 peut contrecarrer les effets délétères de ses cousins 16 et 18. Mais si l'intuition des chercheurs est la bonne, ces derniers espèrent en faire un traitement préventif du cancer du col de l'utérus, surtout dans les pays en voie de développement où les vaccins, pour des raisons économiques, sont difficiles d'accès.