Dans un cas sur six, le cancer aurait pour origine une infection virale ou bactérienne. C’est donc deux millions de malades à qui l’on pourrait éviter ces complications avec un traitement préventif ou précoce contre les pathogènes. Mais tous les pays ne sont pas égaux dans la lutte contre ces agents infectieux…

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    La bactérie Helicobacter pylori infecte la muqueuse gastrique et cause de nombreux ulcères qui parfois deviennent des cancers de l'estomac. Elle est l'une des principales causes de cancers dus à des infections. © Yutaka Tstutsumi, Wikipédia

    La bactérie Helicobacter pylori infecte la muqueuse gastrique et cause de nombreux ulcères qui parfois deviennent des cancers de l'estomac. Elle est l'une des principales causes de cancers dus à des infections. © Yutaka Tstutsumi, Wikipédia

    Deux millions de cancers d'origine infectieuse sont recensés chaque année dans le monde. Il s'agit pour la plupart, de cancers du col de l'utérus, du foie ou de l'estomac. Selon une nouvelle étude du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l'OMS à Lyon, cela correspond donc à deux millions de nouveaux patients dont la maladie aurait pu être évitée. Contre ces cancers en effet, il existe des moyens de préventionprévention et parfois, des traitements d'autant plus efficaces qu'ils sont précoces.

    « Les infections par certains virus, des bactéries ou des parasitesparasites représentent l'une des plus importantes causes de cancers évitables dans le monde » explique Catherine de Martel, chercheuse au Circ. Avec sa collègue Martyn Plummer, elle a mené une veille épidémiologique précise sur vingt-sept types de cancers, pour déterminer la proportion de ceux dont l'origine infectieuse était avérée. Une recherche véritablement exhaustive puisqu'elle porté sur 184 pays.

    Leurs conclusions sont sans appel : 16 % des cancers recensés en 2008 - c'est-à-dire pas moins d'un sur six - ont été causés par une infection. Ce chiffre naturellement, traduit une moyenne mondiale. La proportion de ces cancers à l'origine infectieuse est en effet bien plus élevée dans les pays en développement (23 %) que dans les pays développés (7,4 %).

    Le papillomavirus humain, ici vu au microscope électronique à transmission, est responsable du cancer du col de l'utérus. Il est préconisé de vacciner les jeunes filles contre ce virus durant leur adolescence. © <em>National Institute of Health</em>, Wikipédia, DP

    Le papillomavirus humain, ici vu au microscope électronique à transmission, est responsable du cancer du col de l'utérus. Il est préconisé de vacciner les jeunes filles contre ce virus durant leur adolescence. © National Institute of Health, Wikipédia, DP

    Papillomavirus, virus de l'hépatite… les moyens de lutte existent

    La moitié des cancers du col de l’utérus et 80 % des cancers de l'estomac ou du foie chez l'Homme, sont induits par des agents infectieux. Les premiers sont provoqués par des papillomavirus (HPVHPV), les deux autres par les virusvirus de l'hépatite B ou C, et par la bactériebactérie Helicobacter pyloriHelicobacter pylori.

    En 2008, plus de 600.000 cas de cancers gastriques attribués à cette bactérie ont été diagnostiqués dans le monde. Ce qui a représenté dans les pays développés, 46 % des cancers infectieux. Pourtant, une prévention existe et « repose surtout sur des traitements antimicrobiens » rappellent les auteurs.

    Plus globalement, des méthodes de prévention éprouvées permettent de diagnostiquer précocement ou d'éviter ces cancers infectieux. « Elles ont amplement prouvé leur efficacité » insiste Catherine de Martel. Il s'agit notamment du frottisfrottis cervicovaginal qui permet de détecter des lésions précancéreuses, et de certaines vaccinationsvaccinations spécifiques. « La vaccination contre le virus HPV (permet de) prévenir le cancer du col de l'utérus. Il y a aussi la vaccination contre le virus de l'hépatite B (HBV), responsable du cancer du foiecancer du foie. C'est pourquoi augmenter la couverture vaccinalecouverture vaccinale devrait être une priorité de santé publique dans les régions les plus touchées » conclut la scientifique.