Des résultats obtenus par l'équipe de Jérôme Galon et Franck Pagès (Unité Inserm 255 « immunologie cellulaire et clinique », dirigée par Wolf Hervé Fridman) mettent pour la première fois en évidence le rôle déterminant d'une population de cellules immunitaires récemment caractérisée, les « lymphocytes T avec une activité mémoire », pour la survie des patients et la prévention des métastases dans les cancers du côlon et du rectum.

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    Cette étude, publiée dans la revue The New England Journal of Medicine datée du 22 décembre 2005, devrait permettre une amélioration de l'évaluation du pronostic des patients et ouvre une nouvelle piste de traitement : prévenir l'apparition de métastases par une modulationmodulation spécifique de la réponse immunitaire.

    Afin de mieux analyser la composante immunitaire de l'environnement tumoraltumoral, Jérôme Galon, Franck Pagès et leur équipe, ont développé un réseau de recherche multidisciplinaire (cliniciens, chercheurs en Immuno-CancérologieCancérologie, bioinformaticiens) et mis en place des technologies nouvelles permettant l'évaluation sur une large échelle, de la réponse immunitaire présente dans la tumeur. Une base de donnéesbase de données cliniques et expérimentales intégrant l'ensemble des informations sur ces cancers vient compléter la série d'outils grâce auxquels ces chercheurs ont mis en lumièrelumière :

    • le type de cellules immunitaires infiltrant les cancers du côlon et du rectumrectum ;
    • le rôle de ces cellules immunitaires dans la préventionprévention des métastases ;
    • l'importance de ces cellules immunitaires pour prévenir les rechutes et prolonger la survie.

    Le processus métastatiquemétastatique précoce est notamment identifié par la présence de cellules tumorales dans les vaisseaux sanguins (VE), lymphatiques (LI) ou le long des gaines de nerfsnerfs (PIPI), au sein de la tumeur.

    Ces chercheurs ont commencé par se demander si ces signes précoces de métastases constituaient un élément de gravitégravité supplémentaire, et indépendant des facteurs cliniques habituellement pris en compte pour établir un pronostic. Pour ce faire, ils ont analysé des tumeurs du côlon et du rectum prélevées chez 959 patients, et corrélé les résultats avec la récidiverécidive et la survie de ces patients. L'équipe de chercheurs a ainsi démontré que ces signes précoces de métastases aboutissaient à une mortalité accrue.

    Pour étudier l'influence de l'environnement immunitaire sur l'évolution du cancer, les chercheurs ont analysé ces tumeurs du côlon et du rectum grâce à des lames histologiques. Ils ont montré que lorsque la concentration de cellules du système immunitairesystème immunitaire est forte dans les tumeurs, celles-ci ne présentent pas de signes précoces de métastases.

    Pour conforter cette observation et analyser plus en profondeur la nature de la réponse immunitaire dans la tumeur, les chercheurs de l'Unité Inserm 255 ont évalué l'expression d'un grand nombre de gènesgènes de l'immunitéimmunité à partir de tumeurs congelées. Cette analyse a confirmé le lien existant entre l'absence de signes précoces de métastases et une réaction immunitaire particulière faisant intervenir un groupe de lymphocyteslymphocytes tueurs.

    Les chercheurs ont pu caractériser ces lymphocytes, en analysant de façon exhaustive les cellules immunitaires des tumeurs, immédiatement après la chirurgiechirurgie. La combinaison de marqueurs mis en évidence identifiait une population de lymphocytes récemment caractérisée ; les lymphocytes tueurs avec une activité mémoire. Ces données ont été pleinement confirmées sur 415 cancers du côlon et du rectum par une technologie à large échelle ; les Tissu-MicroArrays.

    Ainsi, cette première étude à large échelle des populations immunitaires intra-tumorales chez l'homme, met en lumière la forte association entre la présence de lymphocytes T avec une activité mémoire et l'évolution du cancer. Ces travaux, qui améliorent la compréhension de l'évolution des cancers, apportent un nouvel élément déterminant pour la prévention des métastases et la survie des patients.

    A plus long terme, Jérôme Galon et Franck Pagès estiment qu'il pourrait s'agir d'une nouvelle piste de traitement de ces cancers. S'ils réussissent à augmenter le nombre de lymphocytes T avec une activité mémoire, ces chercheurs espèrent ralentir, voire abroger, l'apparition de métastases.