Travailler en open space augmente le risque d’absence pour maladie, surtout chez les femmes. Les hommes seraient quant à eux plus vulnérables dans des bureaux flexibles.

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    Si vous êtes malade cet hiverhiver, n'accusez plus la météométéo mais les personnes qui ont conçu vos bureaux : d'après une nouvelle étude suédoise, l'organisation de l'espace de travail a un effet sur les absences pour maladie.

    Les faits : l’open space mauvais pour la santé

    Des chercheurs de l'université de Stockholm ont examiné les données de près de 2.000 salariés qui travaillaient dans sept types de bureaux différents. Ont été considérés des bureaux isolés (une personne par bureau), de petits bureaux partagés (deux ou trois par bureau), des open spaces de taille réduite (quatre à neuf personnes par pièce), moyenne (10 à 24 personnes) ou grande (plus de 24 personnes), des bureaux flexibles (sans station de travail individuelle) et des bureaux « combinés » (avec beaucoup de travail d'équipe et de nombreux déplacements dans le bureau).

    L'objectif était de déterminer si l'organisation de l'espace de travail avait un effet sur les absences pour maladie. Le nombre de journées d'absence pour longue ou courte maladie et le nombre de jours d'absence chaque année ont été relevés. Les chercheurs, dont les résultats paraissent dans la revue Ergonomics, ont ainsi trouvé un risque significatif d'absence pour maladie de courte duréedurée dans les open space. Par rapport au travail dans un bureau isolé, le risque d'absence était augmenté de 90 %, 92 % et 82 % dans les open spaces de petite, moyenne et grande tailles respectivement. Pour les absences de longue durée, les femmes étaient deux fois plus absentes en grand open space que dans des bureaux isolés. Chez les hommes, le nombre de jours d'absence pour maladie augmentait de 163 % en bureau flexible.

    Décryptage : stress et infections en cause

    Comment expliquer ces différences entre les sexes et de telles augmentations du risque de maladie ? Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses. Tout d'abord, il est évident que partager son bureau avec d'autres personnes augmente le risque de transmission d’infections (grippe, gastroentérites, etc.). Mais en open space s'ajoutent à cela des facteurs environnementaux : le stress généré par le bruit alentour, l'absence d'espace privé et l'impossibilité de maîtriser son espace de travail. Les femmes seraient, plus que les hommes, sensibles à ces stress dans les open spaces.

    Travailler dans un petit groupe peut avoir un impact favorable sur la santé. © Laurentius, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Travailler dans un petit groupe peut avoir un impact favorable sur la santé. © Laurentius, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Pour les hommes, les chercheurs avancent qu'il est important de disposer d'une station de travail individuelle, car c'est le signe d'un certain statut social. Cela expliquerait qu'ils soient moins à leur aise dans des bureaux flexibles.

    No panic : vers des bureaux favorables à la santé des salariés

    L'enseignement que l'on peut tirer de cette étude est qu'il suffirait d'aménager différemment les bureaux pour limiter les absences pour maladie des salariés. En effet, les auteurs ont aussi noté une forme de « présentéisme » : des salariés qui viennent travailler même s'ils sont malades. Ceci s'observe surtout lorsque les salariés travaillent ensemble : la dynamique de groupe a tendance à limiter les absences pour maladie, en exerçant une sorte de « contrôle social ».

    Les auteurs soulignent aussi que, dans de petits groupes, l'absence d'une personne est souvent plus dommageable que dans un grand groupe ; les salariés dépendent plus les uns des autres et sont moins facilement remplaçables.