Pour fêter l'anniversaire de la naissance de Claude Bernard, Google a imaginé un Doodle bien mérité. C'est l'occasion de revenir sur la carrière de l'un des initiateurs de la médecine moderne.

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    La leçon de Claude Bernard, un tableau peint en 1889 par Léon Augustin Lhermitte. © Domaine public

    La leçon de Claude Bernard, un tableau peint en 1889 par Léon Augustin Lhermitte. © Domaine public

    Voilà un Doodle de Google que nous apprécions à Futura-Sciences. Il célèbre aujourd'hui la naissance d'un grand médecin du 19e siècle, contemporain de Pasteur : Claude BernardClaude Bernard, né le 12 juillet 1813 dans le Beaujolais. Passionné et rebelle, ce fils de vigneron a raté son baccalauréat, ainsi que l'agrégation d'anatomie et physiologie. Mais, devenu préparateur en pharmaciepréparateur en pharmacie, il s'éprend de la médecine et ne la quitte plus, l'emmenant dans des chemins originaux, bousculant les idées de son époque.

    Tout le monde s'accorde à faire de Claude Bernard l'initiateur de la médecine expérimentale, alors que les médecins d'alors s'appuyaient sur l'observation et favorisaient l'empirisme. Lui préfère s'appuyer sur l'expérience. L'idée dominante de l'époque est celle du vitalisme, qui fait reposer la vie sur des mécanismes particuliers, dus au mystérieux « fluide vital ». En d'autres termes, au cœur des êtres vivants, les phénomènes à l'œuvre ne respectent pas toujours les lois de la physiquephysique et de la chimiechimie. Claude Bernard, agnostique, n'y croit pas.

    Claude Bernard (1813-1878), médecin et physiologiste, est un pionnier de la médecine expérimentale. © Domaine public

    Claude Bernard (1813-1878), médecin et physiologiste, est un pionnier de la médecine expérimentale. © Domaine public

    La découverte du milieu intérieur des êtres vivants

    C'est vers la physiologie qu'il se tourne et il défend avec force l'idée d'expérimenter d'abord sur des animaux avant de le faire chez l'Homme. Il ne convaincra pas ses condisciples mais, devenu professeur au Collège de France, puis à la Sorbonne et au Muséum national d'histoire naturelle, il formera une nouvelle génération de médecins et de chercheurs.

    Au Collège de France, il commence à travailler en 1841 avec son aîné et maître à penser, le physiologiste François Magendie. Après sa mort en 1855, il lui succédera à la chaire de médecine. Dans son plus célèbre ouvrage, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, publié en 1865, il précise sa méthode faite d'observations, d'hypothèses et d'expériences, et affirme sa foi dans les progrès à venir en médecine.

    Il y énonce également son idée du milieu intérieur et de l'homéostasie, équilibre général d'un organisme vivant. « La constance du milieu intérieur est la condition d'une vie libre et indépendante », écrit-il en 1872. Il réfute l'idée que chaque fonction est nécessairement associée à un unique organe. Elle peut être assurée par plusieurs d'entre eux, affirme-t-il. Certaines fonctions sont donc assurées à l'échelle du corps entier. Dans cette veine, il démontre l'influence des secrétions pancréatiques sur la digestion. Il découvre que le foie fabrique des sucres, se penche sur les causes du diabète et étudie la thermorégulation.

    Les débuts de la médecine moderne

    C'est donc bien à un tournant de l'histoire de la médecine qu'a contribué Claude Bernard. Cet ami de Balzac inspire encore aujourd'hui. « Je pense que c'est Claude Bernard qui m'a donné le goût de la science appliquée à l'Homme, expliquait en 2006 la professeure tunisienne Habiba Bouhamed ChaabouniHabiba Bouhamed Chaabouni, lauréate pour l'Afrique de l'Award For Women in Science (prix L'Oréal-Unesco). Il a défié les idées reçues de son époque en développant la médecine expérimentale. Claude Bernard ne s'est pas arrêté à l'observation du patient, il est allé plus loin en faisant des autopsies, en voulant explorer plus profondément la pathologie. »

    Reconnus de son vivant, ses travaux lui valurent les récompenses de l'Académie des sciences (1854) et de l'Académie de médecine (1861), son entrée à l'Académie française en 1868. Il eut droit à des obsèques nationales après son décès le 10 février 1878.