L’Anses s’inquiète des boissons énergisantes. Très appréciées des jeunes, elles peuvent, pendant un effort ou mélangées à de l’alcool, entraîner des troubles cardiaques graves et parfois mortels. L'agence demande un encadrement du marché de ces produits.

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    De plus en plus consommées en France, les boissons énergisantes inquiètent les autorités sanitaires. Dans un avis rendu public en début de semaine, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) demande la mise en place de politiques publiques visant à encadrer le marché - publicitaire notamment - de ces produits. Elle s'appuie sur des données épidémiologiques faisant ressortir des cas d'arrêts cardiaques. Ils sont d'autant plus élevés lorsque ces boissons sont associées à une activité physiquephysique (sport, danse, etc.) ou mélangées avec de l'alcool.

    L'expression « boissons énergisantes » regroupe en réalité des boissons censées mobiliser l'énergieénergie en stimulant le système nerveux. Elles contiennent généralement des ingrédients supposés stimulants tels que taurine, caféine, guarana, ginseng ou encore vitaminesvitamines. Elles ne doivent pas être confondues avec les boissons dites énergétiques, « spécifiquement formulées pour fournir de l'énergie dans le cadre d'une dépense musculaire intense », et donc pour compenser les pertes (eau, minérauxminéraux, etc.) occasionnées au cours d'un effort.

    Entre 2009 et 2011, les ventes de boissons énergisantes ont bondi de 30 % en France. En 2011, un total de 17 % des Français de plus 14 ans en consommaient. Soit 8,9 millions de personnes. Parmi elles, un tiers déclarait en boire au moins une fois par semaine, et pour 2 % à 3 % des amateurs, la consommation était même quotidienne, preuve de leur banalisation.

    Des malaises et des décès suspects

    L'AnsesAnses a été saisie dès 2001 pour évaluer la nocivité et l'intérêt nutritionnel de ces boissons énergisantes. Depuis 2011, elle suit également les effets indésirables suspectés d'être liés à la consommation de ces produits. Au total, 257 cas lui ont été rapportés par les professionnels de santé, dont 212 suffisamment renseignés pour être analysés et déterminer l'impact éventuel de ces boissons.

    Il en ressort que l'imputabilité de ces breuvages est jugée « très vraisemblable » ou « vraisemblable » dans 12 % des cas. Les symptômessymptômes décrits étant surtout de type cardiovasculaire : « sensations d'oppression ou de douleursdouleurs thoraciques, tachycardietachycardie, hypertensionhypertension, troubles du rythme allant jusqu'à l'arrêt cardiaque ». Elle fait aussi état de « troubles psychocomportementaux ou neurologiques ».

    Le système cardiovasculaire pourrait, chez les personnes prédisposées, mal supporter la consommation des boissons énergisantes, surtout si elle est associée à une pratique physique, à l'alcool ou des médicaments. © <em>Gordon Museum</em>, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le système cardiovasculaire pourrait, chez les personnes prédisposées, mal supporter la consommation des boissons énergisantes, surtout si elle est associée à une pratique physique, à l'alcool ou des médicaments. © Gordon Museum, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Encore pire : huit cas d'arrêt cardiaque en lien avec la consommation de boissons énergisantes ont été portés à la connaissance de l'Anses. Six inquiètent particulièrement les autorités qui mentionnent notamment le décès d'une jeune fille de 16 ans, survenu juste après qu'elle s'est arrêtée de danser, en discothèque : « L'entourage a signalé une consommation de boissons énergisantes en mélange avec de l'alcoolalcool sans pouvoir préciser les quantités, mais aucune prise d'autres substances. L'analyse toxicologique a retrouvé de la caféine (2,4 mg/l) et de l'alcool (0,86 g/l) dans le sang. Le rapport d'autopsieautopsie évoque une dysfonction du rythme cardiaque ».

    La caféine des boissons énergisantes, un danger potentiel

    L'Anses précise également que ces arrêts cardiaques « surviennent très vraisemblablement chez des sujets génétiquement prédisposés ». Les risques d'accidentsaccidents seraient d'autant plus importants lorsque la consommation de boissons énergisantes est associée à « certains facteurs de risquefacteurs de risque supplémentaires comme l'exercice physique, une forte consommation d'alcool, l'hypokaliémie, certains médicaments ou une sensibilité individuelle à la caféine ».

    L'agence insiste en effet sur l'importance de la caféine, connue de longue date bien sûr, mais dont la (forte) présence dans les boissons énergisantes a fait évoluer les modalités de consommation. Y compris auprès des enfants ! L'association Consommation logement cadre de vie (CLCV) révélait ce lundi 30 septembre que 18 % des petits Européens de 3 à 10 ans avaient déjà consommé ces boissons. L'Anses précise aujourd'hui que 11 % des 3-10 ans et 7 % des 11-14 ans « dépassent le seuil d'une tolérance à la caféine ». La semaine passée, une étude montrait l'impact néfaste qu'elle pouvait avoir sur la maturation du cerveau des ados.

    De la même façon, aujourd'hui en France :

    • près d'un adulte sur trois dépasse régulièrement « le seuil retenu comme générateurgénérateur d'anxiété ». Lequel correspond tout de même à un apport en caféine d'environ six expressos ;
    • « 7 % de la population adulte excède le seuil au-delà duquel une toxicitétoxicité chronique plus générale est suspectée (santé osseuse et cardiovasculaire, cancercancer, fertilité masculine, etc.) ».

    Les recommandations de l'Anses

    En conclusion, l'Anses recommande au grand public de modérer la consommation de boissons caféinées. Et plus particulièrement :

    • d'éviter la consommation des boissons énergisantes en association avec l'alcool ou lors d'un exercice physique ;
    • d'être vigilant vis-à-vis des apports en caféine. Notamment chez les « femmes enceintes et allaitantes, les enfants et adolescents, les personnes sensibles aux effets de la caféine ou présentant certaines pathologiespathologies (notamment certains troubles cardiovasculaires, psychiatriques et neurologiques, l'insuffisance rénaleinsuffisance rénale ou des maladies hépatiques sévères) ».