Aujourd'hui ont lieu les commémorations de la catastrophe d'AZF. Dix ans après l'explosion qui avait fait 31 morts, les conséquences sanitaires sont encore bien présentes pour les riverains présents ce jour-là et les travailleurs de l'usine. État des lieux.

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    Le 21 septembre 2001, l'explosion de l'usine AZF avait fait 31 morts. © Marco Dufour

    Le 21 septembre 2001, l'explosion de l'usine AZF avait fait 31 morts. © Marco Dufour

    Ce mercredi 21 septembre marque les 10 ans de l'explosion d'un stock de nitrate d'ammonium à l'intérieur de l'usine AZF de Toulouse. La déflagration avait entraîné la mort de 31 personnes, et en avait blessé plus de 2.500 autres. Une décennie plus tard, la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) et l'Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire (INVS) continuent d'étudier, à travers une cohorte de 3.006 volontaires, les impacts sanitaires de ce drame. Et pour les membres de ce qu'il est convenu d'appeler « la cohorte AZF », ils sont encore considérables...

    D'après Valérie Schwoebel, responsable de la cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) en Midi-Pyrénées, « les pertes auditives et les conséquences sur la santé mentale persistent dans le temps et les populations, qu'il s'agisse d'enfants ou d'adultes, de riverains ou de travailleurs. C'est vrai pour les personnes qui avaient été très exposées au moment de l'accident, mais aussi à un niveau moindre, parmi les populations plus éloignées ».

    Parmi les conséquences les plus fréquentes après l'explosion de l'usine AZF : les troubles de l'audition. © DR

    Parmi les conséquences les plus fréquentes après l'explosion de l'usine AZF : les troubles de l'audition. © DR

    De septembre 2001 à juillet 2011, la CPAM a ouvert très exactement 11.618 dossiers pour des assurés déclarés comme « victimes de l'explosion AZF » : 7.827 au titre du risque maladie, et 3.791 au titre d'accident du travail. Et selon ses indications, « les dépenses de soins, d'indemnités journalières dans le cadre d'arrêts de travail, de pensions d'invalidité ou de rentes d'accidents prises en charge représentent plus de 34,4 millions d'euros à la fin janvier 2009 ».

    Les conséquences d'AZF : un grand nombre de dépressions

    Quatre ans après la déflagration, 14 % des victimes consommaient des anxiolytiques et 10 % des antidépresseurs. « Nous nous sommes aperçus que cette consommation était plus fréquente parmi les personnes [qui étaient] proches de l'explosion » explique Valérie Schwoebel. Ainsi, les hommes qui se trouvaient à moins de 1,7 km du site sont trois fois plus nombreux à en consommer que ceux qui se trouvaient à plus de 5 km.

    Plusieurs années après l'explosion, le sentiment de mal-être est toujours perceptible chez de nombreuses victimes. En 2007, 42 % des hommes et 60% des femmes manifestaient encore des symptômessymptômes de dépression ! Ces chiffres, très élevés, ne cessent d'augmenter. Deux ans plus tôt en 2005, ces signes cliniques n'étaient relevés « que » chez 34 % des hommes et la moitié des femmes...

    Quatre ans après l'accident d'AZF, 14 % des victimes consommaient des anxiolytiques et 10 % des antidépresseurs. © Phovoir

    Quatre ans après l'accident d'AZF, 14 % des victimes consommaient des anxiolytiques et 10 % des antidépresseurs. © Phovoir

    Des troubles auditifs persistants

    Les résultats de cette étude montrent également l'importance des acouphènes cinq ans après l'explosion : 31 % des hommes et 24 % des femmes en sont victimes. Quant à l'hyperacousie qui est une hypersensibilité au bruit, elle affecte aujourd'hui 26 % des hommes et 35 % des femmes. Difficile aujourd'hui d'obtenir des données plus récentes. Valérie Schwoebel nous confie qu'il s'agit là « d'un processus long. Le bilan final de la cohorte quant aux conséquences à moyen terme de l'explosion (pour les années 2009-2010) ne sera disponible qu'en 2012 ».

    De son côté, l'INVS insiste sur « l'importance de mettre en place un dépistagedépistage des déficits auditifs dans la zone proche de l'explosion, et de renforcer la prise en charge psychologique et l'orientation vers des spécialistes en cas de risques psychiatriques ». Si vous avez été concernés, il n'est pas trop tard pour en parler...