Fumeurs, vos cerveaux ne sont pas égaux face à l’arrêt du tabac. Des chercheurs de Pennsylvanie viennent de comprendre pourquoi. Si l’ensemble des raisons de cesser de s’intoxiquer ne motivent pas de la même façon chaque individu, cela est dû à une région du cerveau qui réagit trop peu à la récompense.


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    En France, le tabagisme est la première cause de mortalité évitable, avec 73.000 décès par an comme le rappelle Tabac-info-Service. Au-delà des maladies proprement dites, telles que les cancers ou maladies cardiovasculaires, la cigarette entraîne aussi des diminutions de la fertilité, un jaunissement des dents, des carences en vitamines B et C, une détérioration de la peau et même une baisse des capacités sexuelles. Alors, pourquoi les fumeurs continuent-ils à faire partir leur argentargent en fumée ? Une question que tout non-fumeur se pose.

    La nicotine, comme toutes les drogues, agit sur le circuit de récompense, qui a un rôle central dans la mise en place de la dépendance. Il est également fortement impliqué dans la motivation et le comportement à adopter pour atteindre ce but, indispensable à la survie d'un individu et de son espèceespèce. Des chercheurs de l'université d'État de Pennsylvanie, aux États-Unis, ont étudié ce système neuronal, situé dans le striatum ventral.

    S'abstenir de fumer contre de l'argent. Voici le deal que le psychologue Stephen J. Wilson, premier auteur de l'étude publiée dans Cognitive, Affective, & Behavioral Neuroscience, a proposé aux fumeurs volontaires. Pour certains, cette carottecarotte monétaire semble avoir moins de valeur que pour d'autres. Leur striatum ventral a été observé par IRM fonctionnelleIRM fonctionnelle. Il s'avère que celui des plus réfractaires est moins réactifréactif.

    Âgés de 18 à 45 ans, les 44 fumeurs de l’étude consommaient au moins 10 cigarettes par jour depuis un an. Leur cerveau est plus ou moins capable de répondre favorablement à une récompense non médicamenteuse, comme l’argent. Plus le striatum ventral s’active face à l’appât monétaire, plus le fumeur sera capable de se passer du tabac. © Cyril Plapied/ Flickr- licence Creative Commons
    Âgés de 18 à 45 ans, les 44 fumeurs de l’étude consommaient au moins 10 cigarettes par jour depuis un an. Leur cerveau est plus ou moins capable de répondre favorablement à une récompense non médicamenteuse, comme l’argent. Plus le striatum ventral s’active face à l’appât monétaire, plus le fumeur sera capable de se passer du tabac. © Cyril Plapied/ Flickr- licence Creative Commons

    5 minutes sans tabac = 1 dollar

    Dans un second test, chaque participant s'est abstenu de fumer pendant les 12 heures précédant l'expérience. Ayant consommé des substituts nicotiniques, le fumeur cobaye n'est donc pas en manque lorsqu'il s'installe dans l'IRM fonctionnelle et joue à des devinettes dans le but de gagner de l'argent. Il sait qu'il va devoir attendre la fin de la séance, soit deux heures avant d'avoir la possibilité de fumer. À la moitié de l'expérience, les chercheurs annoncent qu'il y a un problème et que les candidats pourront s'adonner à leur faiblesse toxique d'ici un quart d'heure, pendant 50 minutes. À la pause, sortis de la machine, fortement chatouillés par l'envie d'en griller une, les fumeurs apprennent qu'ils pourraient gagner 1 dollar toutes les 5 minutes écoulées sans tabac. Soit un maximum de 10 dollars. Tous n'y arriveront pas.

    Ceux qui craquent présentent un striatum peu réactif à la récompense monétaire du jeu de devinette. Inversement, les sujets dont le cerveaucerveau répond activement à cette récompense réussiront à s'abstenir de fumer. Le fumeur vénal aurait-il plus de chance de réussir son sevragesevrage tabagique ?

    Comme le souligne Stephen Wilson, ces résultats suggèrent qu'il serait envisageable de caractériser le fumeur et son striatum avant même son arrêt de tabac. Les médecins pourraient ainsi proposer un protocoleprotocole de sevrage en parfaite adéquation avec la chimiechimie neuronale de son patient ! Pour accroître les chances de réussite des fumeurs qui n'ont pas la chance d'être cupides.