Cette ancestrale pratique asiatique a montré son action bénéfique sur la maladie de Parkinson… chez la souris, ce qui exclut l'effet placebo. Le traitement ne se limite pas aux symptômes corporels mais agit en amont en protégeant les neurones dopaminergiques.

au sommaire


    L'acupuncture fonctionne aussi chez la souris. C'est ce qu'a incidemment prouvé Sabina Lim, de l'université Kyung Hee, à Séoul (Corée du Sud). Mais le but premier était de tester la méthode de cette pratique médicale sur la maladie de Parkinson, une atteinte neurologique grave qui induit des mouvementsmouvements musculaires involontaires et touche six millions de personnes dans le monde. Et là aussi, la réponse a été positive.

    Les animaux ont subi des injections d'une toxine, la MPTP (1-méthyl-4-phényl-1,2,3,6-tétrahydropyridine), qui détruit dans le cerveau les neurones fabriquant la dopaminedopamine, un neurotransmetteurneurotransmetteur. Quelle qu'en soit la cause première, la maladie de Parkinson est en effet liée à la perte de ces neurones dopaminergiques.

    Mais comment trouver chez la souris les « méridiensméridiens » (sortes de canaux qui véhiculent la force vitale selon les explications traditionnelles) et les « éclusesécluses » (points où il faut insérer les aiguilles) ? Très simplement en reprenant ceux que les manuels d'acupuncture indiquent pour l'être humain. Sabina Lim a choisi deux points connus, chez l'Homme, pour être liés à l'activité musculaire (derrière le genou et sur le haut du pied). Les animaux subissaient une séance tous les deux jours. L'équipe a constitué deux groupes témoins, l'un ne recevant aucun traitement et l'autre subissant des piqûres à la hanche, une zone censément dépourvue d'écluses.

    Le résultat est éloquent : une semaine après l'injection de MPTP, les souris n'ayant reçu aucun traitement et celles ayant été piquées à la hanche ont vu leur taux de dopamine diminuer de moitié. Mais les animaux ayant bénéficié de vraies séances d'acupuncture ont conservé 80 % de leurs neurones dopaminergiques et les symptômessymptômes ont donc été réduits de beaucoup.

    Rencontre entre Orient et Occident

    Comment les piqûres sur le corps peuvent-elles protéger des neurones du cerveau ? L'équipe n'explique pas cet effet mais avance une hypothèse. Des réactions d'inflammationinflammation dans le cerveau accompagnent les manifestations de la maladie de Parkinson et aggravent la pathologiepathologie. Les scientifiques estiment possible que les séances d'acupuncture réduisent ces inflammations.

    Dans le journal Science, IrisIris Chen, neurologue au Massachusetts General Hospital de Boston, confirme que l'acupuncture peut effectivement augmenter la quantité de dopamine dans le cerveau lorsqu'elle est trop faible.

    Les effets observés chez la souris existent-ils chez l'Homme ? Lim et ses collègues ont commencé des tests mais le nombre de patients est pour l'instant insuffisant pour que les résultats soient statistiquement significatifs. En Corée, rapporte l'équipe, l'acupuncture est utilisée pour traiter les patients atteints par la maladie de Parkinson « mais on ne peut pas parler de guérisonguérison ».

    Toutefois, ces scientifiques soulignent l'intérêt d'une rencontre entre les pratiques de la médecine traditionnellemédecine traditionnelle asiatique et les méthodes de la science occidentale, espérant que le cumul de l'acupuncture et du traitement par médicaments pourra réduire la souffrance des patients voire augmenter leur longévité.