Les futurs traitements contre l’acné feront peut-être appel à des virus. Le génome de onze bactériophages (des tueurs de bactéries) vient d’être isolé et séquencé, il révèle leur pouvoir d’action contre Propionibacterium acnes, un micro-organisme responsable des boutons rouges de l’adolescence.

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    Les virus bactériophages viendront peut-être à bout de l'acné, une maladie qui concerne plus de 8 personnes sur 10 à un moment de leur existence. C'est une maladie bénigne mais qui en général abaisse l'estime de soi, à cause de boutons disgracieux. © Anna Tanczos, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les virus bactériophages viendront peut-être à bout de l'acné, une maladie qui concerne plus de 8 personnes sur 10 à un moment de leur existence. C'est une maladie bénigne mais qui en général abaisse l'estime de soi, à cause de boutons disgracieux. © Anna Tanczos, Flickr, cc by nc nd 2.0

    • Un dossier pour tout savoir sur l'acné 

    L'acné est une pathologie très courante dans l'adolescence. L'augmentation des taux d'hormones sexuelles entraîne une surproduction de sébum, ce liquideliquide produit par les folliculesfollicules pilosébacés, dans les pores de la peau. Cette substance huileuse contribue à la protéger des pathogènes et du dessèchement. Mais à la suite d'une prolifération anormale des cellules, il arrive que ce follicule se referme et gonfle sous l'accumulation du sébum, entraînant la formation d'un bouton blanc.

    Sur la peau, des bactéries prolifèrent. Parmi elles, Propionibacterium acnes, un micro-organisme inoffensif en temps normal. Mais quand le bacillebacille se retrouve enfermé ainsi dans un comédon, il lui arrive d'infecter le bouton, entraînant une inflammationinflammation qui lui donne une couleurcouleur rouge et qui bien souvent lui fait prendre plus de volumevolume.

    Il existe des antibiotiquesantibiotiques pour se débarrasser de P. acnes et donc limiter l'acné. Malheureusement, la bactérie commence à développer une résistance, diminuant l'efficacité des médicaments. Quant au traitement le plus efficace, à base d'isotrétinoïne, il est utilisé avec parcimonie car il entraîne des effets secondaires parfois importants. Autrement dit, on ne trouve pas toujours une thérapiethérapie sûre et efficace contre la poussée de boutons.

    La bactérie <em>Propionobacterium acnes</em> n'est pas la seule responsable de l'acné. Les variations dans les taux d'hormones sexuelles ou le système immunitaire sont également impliqués. © CDC, DP

    La bactérie Propionobacterium acnes n'est pas la seule responsable de l'acné. Les variations dans les taux d'hormones sexuelles ou le système immunitaire sont également impliqués. © CDC, DP

    Des bactériophages différents mais convergents

    Les choses pourraient changer à l'avenir, après la découverte conjointe de scientifiques de l'University of Pittsburg et de l'Ucla. Ils ont isolé et analysé le génomegénome de onze virusvirus bactériophagesbactériophages détruisant spécifiquement P. acnes. Leur expérience est décrite dans la revue mBio.

    En plaçant un patch sur le neznez de volontaires présentant ou non de l'acné, les scientifiques ont récupéré des échantillons de virus. Ils n'ont gardé que ceux qui avaient une puissance meurtrière à l'égard de la bactérie, leur permettant de sélectionner une bonne dizaine de profils différents.

    Leurs génomes ont été analysés et, surprise, les bactériophages présentent une très forte ressemblance : ils ont plus de 85 % de leur ADN en commun, chose très rare chez autant de variétés de virus. Plus intéressant : tous possèdent le gènegène qui synthétise l'endolysine, une enzymeenzyme qui perce la membrane bactérienne, entraînant la mort de P. acnes.

    Virus ou endolysine contre l’acné ?

    La question se pose désormais aux chercheurs : quelle est la meilleure façon d'utiliser cette découverte ? Soit on utilise les virus dans leur intégralité, soit on ne se focalise que sur les substances activessubstances actives, à savoir ici l'endolysine. Des travaux ultérieurs pourraient apporter une réponse.

    Quoi qu'il en soit, un traitement de l'acné à l'aide de ces bactériophages aurait toutes les chances de se révéler très intéressant, car ceux-ci sont tout à fait spécifiques à leur proie. Cela signifie d'une part que l'Homme ne risque pas de tomber malade à cause d'eux, mais aussi qu'ils n'infesteront pas d'autres bactéries, notamment celles qui nous sont utiles. La thérapie serait alors parfaitement ciblée. De plus, les scientifiques estiment que les risques que P. acnes développe une résistance à ces virus est plus faible. Que demander de plus ?