Deux des quatre variantes du virus du Sida proviennent de gorilles du sud-ouest du Cameroun, selon une équipe internationale de chercheurs. Grâce à cette découverte les origines de toutes les souches virales de l'infection chez l'Homme sont désormais élucidées.

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    Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH-1) se compose de quatre groupes (M, N, O et P), chacun ayant une origine propre qui a résulté d'une transmission du singe à l'Homme à au moins quatre occasions. Alors que l'origine simienne des groupe M et N, en fait des chimpanzéschimpanzés du Cameroun, avait été identifiée il y a plusieurs années, le réservoir des groupes O et P restait jusqu'alors inconnu.

    Les résultats de travaux menés par Martine Peeters, une virologue de l'institut français pour la Recherche et le développement (IRDIRD) et de l'université de Montpellier, en France, qui paraissent dans les comptes rendus de l'académie américaine des Sciences (Pnas), résolvent aujourd'hui cette énigme.

    Le groupe M du VIH-1, la souche la plus répandue, est responsable de la pandémie de Sida avec plus de 40 millions de personnes infectées dans le monde. Alors que le groupe P n'a été détecté que chez deux individus jusqu'à présent, le groupe O a pu se propager chez les humains dans plusieurs pays en Afrique centrale et occidentale. On estime qu'il a infecté près de 100.000 personnes.

    Les gorilles des montagnes des forêts de l’Ouganda, du Rwanda et de la République démocratique du Congo sont sensibles aux infections d'origine humaines car génétiquement très proches de nous. Inversement, nous savons maintenant que certaines variantes du virus VIH-1 existaient au départ chez des gorilles.
    Les gorilles des montagnes des forêts de l’Ouganda, du Rwanda et de la République démocratique du Congo sont sensibles aux infections d'origine humaine car ils sont génétiquement très proches de nous. Inversement, nous savons maintenant que certaines variantes du virus VIH-1 existaient au départ chez des gorilles. © Sarel Kromer, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Une transmission du virus de l'immunodéficience simienne

    La découverte de l'origine des groupes O et P a été réalisée à partir d'analyses génétiques de déjections de chimpanzés et de gorilles du Cameroun, du Gabon, de la République démocratique du Congo et d'Ouganda. « Cette étude montre que, comme les virus de l'immunodéficience simienne (SIV) infectant des chimpanzés, ceux des gorillesgorilles sont aussi capables de traverser la barrière des espècesespèces et peuvent provoquer des épidémies », a expliqué Martine Peeters. « Ces travaux permettent de mieux comprendre l'origine de cette maladie et de mieux évaluer les risques futurs pour les populations humaines », a-t-elle ajouté.

    Le VIH est donc issu d'une transmission du virus de l'immunodéficience simienne (VIS) infectant naturellement les grands singes du sud du Cameroun. Il aurait franchi la barrière des espèces lors de chasses, par des morsuresmorsures d'un singe infecté, par des écorchures lors du dépeçage de ces animaux ou lors de la consommation de viande de brousse, précisent ces chercheurs.