Des chercheurs ont trouvé des traces d’ADN mitochondrial provenant du parasite Plasmodium, responsable du paludisme, sur des squelettes datant de la Rome antique. La maladie transmise par des moustiques est toujours un fléau dans le monde, 2.000 ans plus tard.

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    Le paludisme est une maladie infectieuse grave et souvent mortelle, transmise par des moustiquesmoustiques et dont l'agent est un parasiteparasite du genre Plasmodium. Il cause environ 450.000 décès chaque année dans le monde, en majorité des enfants de moins de cinq ans. Plasmodium falciparum est la principale espèceespèce responsable de cette maladie en Afrique subsaharienne et cause le plus grand nombre de décès liés au paludisme dans le monde.

    Des sources historiques attestent de la présence de la maladie durant l'Empire romain, en Italie : des écrits décrivent des fièvres qui ressemblent au paludisme mais ces sources ne permettent pas de dire quelle espèce de parasite était présente. Cette question peut être désormais résolue grâce aux techniques actuelles d'étude de l'ADN ancien.

    Des chercheurs du muséum Luigi Pigorini de Rome et de l'université de Sydney ont donc étudié des dents (premières et secondes molaires) de 58 adultes et 10 enfants provenant de trois cimetières italiens : Isola Sacra (daté du 1er au 3e siècle), Velia (1er et 2e siècle) et Vagnari (du 1er au 4e siècle). Situées sur la côte, la première et la deuxième étaient des villes portuaires importantes et des centres d'échanges commerciaux. Vagnari est, quant àelle, localisée plus à l'intérieur des terres et est un site où sont enterrés des ouvriers qui ont travaillé en milieu rural.

    Crâne provenant de Velia. Un individu de Velia portait de l’ADN mitochondrial de <em>Plasmodium</em>. © Luca Bandioli, <em>Pigorini Museum</em>

    Crâne provenant de Velia. Un individu de Velia portait de l’ADN mitochondrial de Plasmodium. © Luca Bandioli, Pigorini Museum

    L’ADN mitochondrial de Plasmodium présent chez deux individus

    Les chercheurs ont extrait de minuscules fragments d’ADN de la pulpe dentaire des dents pour isoler et purifier l'ADN provenant d'espèces de Plasmodium qui infectent l'Homme. Il est compliqué de trouver de l'ADN utilisable car le parasite vit dans le sang et des organes comme le foiefoie et la raterate qui se décomposent au fil du temps. Les chercheurs sont tout de même parvenus à reconstituer plus de la moitié du génomegénome mitochondrial de Plasmodium falciparum grâce à deux individus de Velia et de Vagnari.

    Cette analyse de restes humains confirme la présence du paludisme pendant l'Empire romain entre le 1er et le 3e siècle. D'après Stephanie Marciniak, principale auteur de ces travaux, qui s'exprime dans un communiqué, « nos données confirment que l'espèce était probablement Plasmodium falciparum et qu'elle affectait des personnes dans différents environnements écologiques et culturels ».

    Ces résultats soulèvent la question de l'importance du parasite et de l'ampleur de ce fléau dans l'Italie sous l'Empire romain. Pour Hendrik Poinar, un des auteurs de cette recherche, le paludisme était probablement un pathogène historiquement important qui aurait causé de nombreux décès dans la Rome antique.

    Ces résultats paraissent dans la revue Current Biology.