Des chercheurs de l'université Stanford ont produit une protéine capable d’interrompre la voie de signalisation à l'origine des métastases. Cette stratégie semble efficace chez des souris atteintes de cancers du sein ou de l’ovaire.

au sommaire


    Les cellules cancéreuses peuvent quitter leur site d'origine et se faire invasives en créant des tumeurs dans d'autres organes, des métastases, selon un processus susceptible de conduire à la mort. Pour ralentir voire arrêter ce mécanisme, les médecins utilisent la chimiothérapie, mais ces traitements ne sont pas toujours efficaces et présentent de nombreux effets secondaires. C'est pourquoi des chercheurs tentent de trouver d'autres moyens d'empêcher les cellules cancéreuses de se déplacer dans l'organisme.

    Parmi les cibles des futurs traitements anti-cancer, on trouve la protéine AXL, un récepteur tyrosine kinase présent à la surface des cellules cancéreuses. Celle-ci peut capter des signaux provenant de protéines appelées GAS6. C'est lorsque deux protéines GAS6 s'associent à deux protéines AXL qu'un signal provoque la migration des cellules cancéreuses d'un organe vers un autre pour y former de nouveaux nodules cancéreux.

    En utilisant le génie génétique, les chercheurs ont imaginé une stratégie originale pour empêcher l'interaction entre AXL et GAS6. Leur idée a été de créer une version inoffensive d'AXL qui s'associe à GAS6 dans le sang et empêche GAS6 de se lier aux protéines AXL « normales » présentes sur les cellules cancéreuses. Les résultats de l'expérience ont été publiés dans Nature Chemical Biology.

    Chez la souris, la protéine fabriquée par les chercheurs a réduit les métastases de cancer du sein et de l’ovaire. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Chez la souris, la protéine fabriquée par les chercheurs a réduit les métastases de cancer du sein et de l’ovaire. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    AXL modifiée bloque GAS6 et le signal déclenchant les métastases

    Dans la nature, les protéines évoluent sur des millions d'années. Il est néanmoins possible d'accélérer ce processus in vitroin vitro en utilisant une technologie appelée « évolution dirigée ». Ainsi, pour trouver la protéine AXL la plus efficace pour leur projet, les chercheurs ont créé des millions de séquences d'ADN légèrement différentes, chacune codant pour un des variants de la protéine AXL. Ils ont ensuite sélectionné le variant qui se lierait le mieux à GAS6. Des modifications ont été effectuées pour que la protéine reste longtemps dans le sang et que son interaction avec GAS6 soit irréversible. Par cristallographiecristallographie, les auteurs de l'étude ont visualisé l'association des protéines AXL et GAS6, afin d'examiner les changements moléculaires permettant la liaison la plus solidesolide entre les deux protéines.

    Les chercheurs ont alors injecté cette protéine AXL dans le sang de souris atteintes de cancers du seincancers du sein ou de l'ovaireovaire. Résultats : chez les premières, on a constaté 78 % de nodules métastatiques en moins par rapport aux souris non traitées. Chez les souris avec un cancer de l'ovairecancer de l'ovaire, c'est encore mieux, le nombre de nodules métastatiquesmétastatiques étant réduit de 90 % avec la protéine AXL modifiée !

    La protéine que les chercheurs ont créée est en fait un leurre pour GAS6, qu'elle empêche d'agir. Le signal qui habituellement est émis lors de l'association GAS6 et AXL n'a pas lieu. Pour Amato Giaccia, l'un des auteurs de l'article, « c'est une thérapiethérapie très prometteuse qui semble efficace et non-toxique dans les expériences pré-cliniques. Cela pourrait ouvrir une nouvelle approche au traitement du cancer ».