Le nombre d'enfants qu'une femme a dans sa vie influence la vitesse à laquelle son organisme vieillit : celles qui ont eu plus d'enfants ont des télomères plus longs. Or les télomères, situés aux extrémités des chromosomes, sont associés à la longévité.

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    Article paru le 12 janvier 2016

    Le vieillissement est un processus qui varie d'un individu à un autre en fonction de facteurs génétiques et environnementaux. Au niveau cellulaire, les télomères sont des marqueurs du vieillissement. Ces séquences nucléotidiques répétées localisées aux extrémités des chromosomes raccourcissent progressivement à cause des dommages du stress oxydatif. Ce raccourcissement est contré par une enzymeenzyme, la télomérase, qui protège les extrémités des chromosomes. Lorsque les télomères deviennent trop courts, la cellule entre en sénescencesénescence.

    Alors, comment la reproduction influence-t-elle le vieillissement de l'individu ? La théorie des histoires de vie stipule qu'il existe un lien entre l'effort reproductif et la vitessevitesse du vieillissement biologique : d'après cette théorie, l'énergieénergie investie dans la reproduction n'est pas disponible pour le maintien des tissus ; c'est pourquoi le fait d'avoir une descendance importante devrait accélérer la dégradation cellulaire et donc le processus de sénescence. Des résultats chez différentes espècesespèces animales confirment cette théorie.

    Des chercheurs de l'université Simon Fraser, au Canada, ont donc voulu savoir ce qu'il en était en ce qui concerne l'espèce humaine. Pour cela, ils ont enregistré le nombre d'enfants qu'ont eus 75 femmes provenant de deux communautés indigènesindigènes rurales (des mayas Cakchiquel) au Guatemala. Dans cette population, le nombre d'enfants est élevé mais varie beaucoup d'une femme à une autre, ce qui en fait un bon modèle d'étude. La longueur des télomères de ces femmes a aussi été mesurée à deux moments séparés de 13 années grâce à des échantillons de salivesalive et des prélèvements buccaux. Les résultats paraissent dans Plos One.

    Les télomères sont situés aux extrémités des chromosomes (en blanc). ©<em> National Institute of General Medical Science, National Institutes of Health</em>, Flickr, CC by 2.0

    Les télomères sont situés aux extrémités des chromosomes (en blanc). © National Institute of General Medical Science, National Institutes of Health, Flickr, CC by 2.0

    L'œstrogène, un puissant antioxydant

    Les résultats obtenus contredisent la théorie des histoires de vie. En effet, les femmes qui ont eu plus d'enfants voyaient leurs télomères raccourcir moins vite. Pour Pablo Nepomnaschy, auteur de ces travaux, la cause pourrait être hormonale, car les femmes qui ont plus d'enfants ont connu des augmentations importantes d'œstrogènesœstrogènes, une hormonehormone produite pendant la grossesse.

    Il explique que « l'œstrogène fonctionne comme un puissant antioxydantantioxydant qui protège les cellules contre le raccourcissement des télomères ». L'œstradiol est connu pour protéger les cellules et les télomères du stress oxydatif ; il augmente également l'activité de la télomérase, l'enzyme qui maintient les télomères.

    L'environnement social dans lequel vivent les participantes pourrait aussi influencer la relation entre leur nombre d'enfants et leur vitesse de vieillissement : « Les femmes que nous avons suivies au cours de l'étude provenaient de populations à féconditéfécondité naturelle où les mères qui portent de nombreux enfants reçoivent plus de soutien social de leurs parents et amis. Un soutien plus important conduit à une augmentation de la quantité d'énergie métabolique qui peut être allouée à l'entretien des tissus, ce qui ralentit le processus de vieillissement ».