Régulation de la température corporelle, sensation de faim ou de soif : au cœur de notre cerveau, l’hypothalamus joue un rôle essentiel, peut-être encore plus qu’on ne le pensait jusqu’à maintenant. Des chercheurs américains affirment en effet aujourd’hui qu'il intervient dans le processus de vieillissement.

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    L'hypothalamus ne pèse pas plus de 4 grammes et se trouve niché au fond de notre cerveau. Son importance est capitale. L'hypothalamus régule en effet de nombreuses fonctions de notre organisme : la faim, la soif, le sommeil ou encore la température corporelle, et même les émotions et le comportement sexuel, des fonctions essentielles à notre survie. On apprend aujourd'hui que l'hypothalamus serait également impliqué dans le processus qui mène... à notre mort !

    Depuis quelques années déjà, les chercheurs soupçonnaient l'hypothalamus de jouer un rôle dans le vieillissement. L'âge avançant, celui-ci a en effet tendance à montrer des signes d'inflammation. En 2013, des neuroendocrinologues de l'Albert Einstein College of Medicine de New York (États-Unis) avaient déjà montré que calmer cette inflammation permettait d'augmenter la durée de vie de souris.

    Dans une nouvelle étude -- toujours menée sur des souris --, ils sont parvenus à faire le lien entre le déclin physiquephysique et mental des animaux et la disparition de cellules souches dans leur hypothalamus. Une preuve de plus du rôle de cette région du cerveau dans le processus de vieillissement, et peut-être une piste qui pourrait conduire à de nouvelles stratégies de lutte contre les maladies liées à l'âge ou de prolongation de la duréedurée de vie.

    En laboratoire, des souris dont l’hypothalamus avait artificiellement été privé de ses cellules souches ont montré des signes de vieillesse précoce. © tiburi, Pixabay, DP

    En laboratoire, des souris dont l’hypothalamus avait artificiellement été privé de ses cellules souches ont montré des signes de vieillesse précoce. © tiburi, Pixabay, DP

    Des cellules souches aux microARN

    C'est d'abord en accélérant le processus de disparition des cellules souches de l'hypothalamus sur des souris génétiquement modifiées que les neuroendocrinologues ont vérifié leurs dires. Éliminer 70 % de ces cellules a raccourci la vie des souris de quelque 8 %. Leur mémoire, leur coordination et leur endurance ont également souffert de l'opération. Les souris modifiées se sont alors rapidement comportées en grands-parents grincheux.

    Les effets d’une perte de cellules souches dans l’hypothalamus ne sont pas irréversibles.

    Pour confirmer leurs résultats, les chercheurs américains ont ensuite injecté des cellules souches dans les hypothalamus de souris dans la force de l'âge. Celles-ci ont alors bénéficié de durées de vie allongées de plus de 10 %. « Ce résultat fait la preuve que les effets d'une perte de cellules souches dans l'hypothalamus ne sont pas irréversibles », assure Dongsheng Cai, docteur à l'Albert EinsteinEinstein College of Medicine. De quoi encourager un peu plus les chercheurs à percer tout le mystère du phénomène.

    Très rapidement, ils ont soupçonné l'implication des microARNmicroARN, qui jouent un rôle clé dans la régulation de l'expression des gènesgènes, car les cellules souches de l'hypothalamus libèrent de nombreux microARN enfermés dans des exosomesexosomes. En injectant de tels exosomes à des souris, ils sont, une fois de plus, parvenus à ralentir le vieillissement des animaux.

    Le mode d'action de ces microARN reste en revanche encore mystérieux et leurs cibles sont précises (cellules du cerveau, moelle épinièremoelle épinière, sang, etc.). Toutefois, les résultats de cette étude laissent entrevoir que remplacer les cellules souches de l'hypothalamus ou reproduire les effets des microARN pourrait aider à ralentir le vieillissement, chez nous, les humains.